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Best of arrivées Édition 2023 23 novembre 2023 - 17h02

En coulisses… Juste avant la ligne

On ne se lassera jamais de voir la joie et les larmes des skippers lorsqu’ils franchissent la ligne. Derrière ce moment unique se cache un protocole millimétré pour offrir les meilleures conditions aux marins et les plus belles images au public. Tout débute à H-3… Sauf quand une fusée italienne nommée Alla Grande Pirelli décide de passer en mode "allegro" et précipite tout. L’adaptabilité fait aussi partie du jeu !

Ce jeudi matin, 5h32 en Martinique, le message "ALLA GRANDE PIRELLI H-3" apparait sur tous les téléphones de l’organisation. Branle-bas de combat ! Ambrogio Beccaria et Nicolas Andrieu n'étaient attendus qu’à la mi-journée, ils arrivent presto, presto ! Cette première alerte signifie que les skippers sont en approche du Rocher du Diamant. Pré-chauffe pour tout le monde, le compte à rebours a commencé.

 

H-2 : Preuve de vie du moteur 

A deux heures théoriques de l’arrivée, le comité technique déclenche la procédure. La direction de course transmet un code aux skippers pour qu’ils envoient une photo du plombage moteur. 

"Avant, un zodiac approchait du bateau et l’arbitre montait à bord dès que la ligne était franchie, pour vérifier le plombage du moteur. Il ne fallait pas que le skipper le démarre avant que ce ne soit vérifié", explique Romain Gautier, président du jury. "Maintenant, pour éviter les problèmes de montée à bord en pleine mer et éviter un semi-rigide en plus, généralement, la direction de course envoie un code du style "Martinique", "rhum" avant l’arrivée du bateau. Le skipper prend une photo du plombage avec ce mot pour montrer qu’il est encore là". A défaut du journal du jour, un mot secret fait office de preuve de vie indispensable pour ce moteur, dont ils ne doivent pas se servir en course, sous peine de pénalité. Une fois la ligne franchie, ils pourront le mettre en route et faciliter ainsi leur entrée dans le port. 

Parallèlement, le protocole officiel se met lui aussi en place. "Les bénévoles de l’Association Martinique Transat (AMT) et tous les élus sont prévenus", détaille Olivier Ligné, l’animateur des arrivées. "Les cadeaux sont préparés : des corbeilles de fruits qu’ils viennent remettre sur le ponton ainsi que de l’eau de coco et, pour les 3 premiers de chaque classe, du champagne."

 

H-1 : à la rencontre du bateau et des skippers

Les bateaux ont généralement passé le cap Salomon et leurs voiles se dessinent déjà à l’horizon dans la baie de de Fort-de-France. C’est le moment pour les équipes de production (caméraman, photographes) d’embarquer sur les vedettes pour aller à la rencontre des skippers. Ils sont bien souvent le premier contact humain avec les marins qui viennent de passer plus de 10 jours seuls en mer."J’ai fait toutes les arrivées, c’est toujours la même émotion." confie Julien, le pilote de la vedette. Concentré, il suit à la lettre les instructions du photographe. "On se rapproche, mets-toi dans son sillage, je vais essayer d’avoir les silhouettes entre les deux voiles.", demande Jean-Louis Carli. Pour l'œil affuté du photographe, jongler avec la lumière, les embruns et les soubresauts du bateau est tout un art. Mais il permet un cliché pris sur le vif et un rendu esthétique à couper le souffle. Les skippers eux se prêtent volontiers au jeu, posant et levant les bras en signe de victoire lorsqu’ils franchissent la ligne. Car c’est bien la dernière étape sur l’eau : le passage entre le bateau du comité de course et une bouée rouge, la corne retentit et signifie la fin de la course pour les duos. 

 

H+5 min : ponton d’honneur en vue

Les skippers peuvent souffler et affaler les voiles. Ils en ont fini leur Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. L’équipe technique du team monte à bord et prend le relais. Doucement, le bateau se dirige vers le ponton d’honneur où les attendent le public, les officiels, les journalistes, l’organisation et Olivier Ligné. "C’est toujours un moment super émouvant car ça fait plusieurs années que je suis dans la voile et il y a toujours une petite histoire avec chacun, des souvenirs qui remontent et puis de voir leur fatigue, l’émotion entre les deux avec le lien qu’ils ont créé, les retrouvailles avec leurs proches, ça ne laisse pas indifférent." Applaudissements, larmes, rires, chaque arrivée est différente. L’heure est venue de prononcer leurs premiers mots aux journalistes et au public présent. 

Pendant ce temps, juste à côté de la meute de journalistes, très discrètement, Dominique Flayac, vice-président du comité technique demande la permission de monter à bord. Il est là pour valider la dernière étape de la course : la fameuse vérification des plombs. "Il y a le plomb du gasoil et de l’eau de secours, des radeaux de survie et du moteur. Ils permettent que les skippers n’utilisent pas ce matériel pour du matossage. Il y a des choses qui pèsent 20 ou 30 kg et tout rassembler d’un côté ça fait le poids d’un bonhomme " et donc permettrait de gagner en vitesse en faisant gîter le bateau du bon côté. Si un plomb est rompu, c’est pénalité ! "Souvent c’est accidentel", précise Romain Gautier, président du jury, "l’arbitre propose alors une pénalité standard, 30 minutes par plomb rompu ou 1h30 pour le moteur." De quoi faire bouger le classement final. Fort heureusement, ces cas restent rares. Quelques minutes plus tardDominique ressort et tape sur son téléphone "Plombs OK". Tout est en règle, le temps de course est validé. 

Les skippers peuvent désormais profiter pleinement de leur arrivée autour d’un déjeuner (ou dîner)  avec au menu Ti-punch et pour cette 16è édition, un marlin préparé soit en ceviche soit en steak !

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