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Édition 2023 13 novembre 2023 - 02h19

Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse : « En solitaire, c’est plus difficile de se marrer ! »

Les canons viennent de tonner, un feu d’artifice jaillit du fort Saint-Louis alors que les équipiers finissent d’amarrer Banque Populaire XI au ponton d’honneur et les deux marins lèvent les bras. Acclamation. Après avoir sablé le champagne, le cordon de sécurité se lève. Armel Le Cléac’h s’approche sur le flotteur, rayonnant, heureux, incisif. Sébastien le rejoint et s’accroupit à ses cotés, le regard posé on ne sait-où, peut-être encore quelque part dans l'Atlantique que Banque Populaire XI a griffé de ses foils à près de 40 noeuds tout l’après-midi. Morceaux choisis de deux marins heureux, recueillis au ponton puis lors de la conférence de presse.

La victoire : 

Armel : « C’est une grande satisfaction de gagner avec ce bateau. Ça fait longtemps qu’on était à la recherche d’une grande victoire avec Banque Populaire. Il y a deux ans on était là pour la première course. L’année dernière, il  y a eu cette Route du Rhum difficile, on avait fait demi-tour, remis une dérive… Cette année, on récolte le fruit de notre travail. Tous ces détails travaillés avec l’équipe pour optimiser, fiabiliser et finir par montrer qu’on avait de la bonne vitesse, voir de la très bonne vitesse. Avec Sébastien, ces 14 jours sont passés très vite. 

Sébastien : « C’est la satisfaction du travail accompli. Ça fait deux ans qu’on navigue avec Armel. Cette course-là n’était pas facile, il a fallu aller la chercher. La sortie de la Manche musclée, le golfe de Gascogne. Elle a été très complète avec le retour de François et Tom à Ascension. Je crois qu’on est satisfait et heureux de ce travail. C’est de bon augure pour la suite. »

 

Armel : « On l’avait dit au départ, la Transat Jacques Vabre n’était pas une course de préparation. On ne venait pas tester le bateau mais pour gagner. C’était une case à cocher dans e calendrier. Ça n’a pas été facile de gagner, il y a eu du match. On a été à fond jusqu’au bout, on n’a pas lésiné sur le bateau avec de belles moyennes jusqu’au bout. Pour gagner maintenant avec ces bateaux, il faut les pousser dans leurs retranchements. On est sans doute l’équipage qui a le plus navigué cette année avec un parcours assez similaire réalisé en Mai. Ça paye aujourd’hui ».

 

Le duo :

Armel : « Nous avons eu beaucoup de plaisir pendant 14 jours. On a bien rigolé déjà avec Sébastien. L’ambiance était super. On se connait, il n’y a pas eu de coup de mou. Même quand François et Tom sont repassés devant à Ascension. En solitaire, c’est plus difficile de se marrer et c’est dur d’exprimer les sentiments. Sébastien, en plus de tous ses talents de régatier, de marin, de régleur, est un mec sympa et drôle. »

Sébastien : « Et puis, c’est quand même plus facile de rigoler quand tout s’aligne bien et que tu es devant. Quand on est sous pression, je tente quand même la blague, mais je susi pas sur qu’elle va bien passer. » 

Armel : « Je suis content qu’on ait gagné ensemble. J’ ai dit à Sébastien que dans deux ans, s’il voulait revenir, c’était OK ! »

 

Marcel (Van Triest, leur routeur) : 

Armel : « C’est vraiment une victoire à trois. Il faut aller vite mais au bon endroit et Marcel le fait très bien. Le coup de MAdère, c’est lui a proposé l’idée. On a regardé de notre côté et on a dit , on va y aller, on veut tenter. C’était délicat de sortir du jeu et de s’écarter des concurrents. Dans ces moments-là, il faut être patient, car tu perds au début sur les autres. Mais c’est un passage clé de la course car on prend la tête à ce moment là et on fait du décalage. Ensuite, il a tiré une layline sur 3000 milles. J’ai fait l’exercice plein de fois sur les tours du monde et ces courses qui descendent au Sud, c’est très difficile de tomber de si loin pile sur ton point d’entrée dans le Pot au noir. Si tu vas trop loin, tu fais trop de route et si tu pars trop tôt, tu es obligé d’empanner, ce qu’ont d’ailleurs fait les autres. Je connais Marcel depuis longtemps, depuis mes débuts chez Banque Populaire. C’est super d’avoir quelqu’un à ce poste en qui tu as une totale confiance. »

 

La vitesse au portant : 

Armel : « On vous dira pas quoi, mais on a trouvé des trucs ! Sur ces bateaux, les paramètres sont tellement nombreux qu’il faut du temps pour progresser. Sur les longs bords comme celui entre Madère et le Pot au noir, tu as le temps de tester. On a pris des notes à ce moment-là et on a remis en application ce qu’on avait trouvé après Ascension. Banque Populaire XI est un bateau de tour du monde. Il a été pensé pour des conditions de brise et en dessous de 15 noeuds, SVR Lazartigue est plus rapide… »

Sébastien : «  On a clairement découvert des choses pendant la course. En avant-saison , nous n’avions pas cette facilité et il y a encore plein de choses à découvrir parce que le bateau maintenant est fiable et qu’on peut tirer dessus. Donc on peut tester de nouveaux trucs.  Et puis, il faut comprendre que ces bateaux à haute vitesse ne réagissent pas du tout pareil en focntion de l’angle des vagues. Quand u régates, tu cherches à reproduire tes réglages d’un bord sur l’autre. En ULTIM en fait, il faut abandonner l’idée et accepter qu’ils sont différents (…)Faire des moyennes de 40 noeuds, au début, ça nous faisait un peu peur. Maintenant, on n’hésite plus. 42, 43, … Les bateaux sont faits pour ça et on s’y habitue. A la fin, si on n’est pas à 40 noeuds, c’est qu’on est mal réglés ! Cet après midi, le bateau volait complètement, on a pu aller à l’extérieur et le regarder, c’était magnifique. On alignait 37/38 noeuds sans stress et après 14 jours de mer, on est habitué à ces vitesses là, le bruit et l’inconfort que ça peut créer. 

 

Le départ et l’arrivée  :

Armel : Le départ était assez dantesque. Ca faisait longtemps que j’avais pas fait de départ de course comme ça, avec 30-35 noeuds. On a eu 45 noeuds au large de Cherbourg et d’emblée le bateau était bien en place. Et comme les autres l’étaien aussi, ça a fait un beau match. Ça montrait d’emblée le niveau qu’allait avoir la course pendant deux semaines.

… A la fin,  il y avait un bel alizé, on a fait des moyennes de 35 noeuds pour finir. Toute la course a été rapide. on a vraiment volé avec nos bateaux. On a eu toutes les allures et il y en a eu pour tous les gouts. Nous avons parcouru. Nous avons parcourus près de 10000 milles parcourus, c’est un tiers de tour du monde, avec ces bateaux-là ça va vite et le bateau pourrait retraverser l’Atlantique pour rentrer à Lorient demain. Ce bateau arrive à maturité. avec beaucoup de boulot de fait pour qu’on puisse l’utiliser

 

 

 

 

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