Class40
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Édition 2023 26 octobre 2023 - 17h37

Class40 : des marins et des scows

Elle a fière allure la flotte des 44 Class40, qui pavoise en ligne au pied des docks dans le bassin Paul Vatine. Catégorie la plus nombreuse, la Class40 se distingue aussi à travers le nombre - 31 - de nouveaux bateaux reconnaissables à leur étrave ronde. Cette armada de « scows », à l’avant si reconnaissable, témoigne de la vitalité du circuit des 40 pieds, qui attire des skippers venus de tous horizons, avec de nombreux favoris se bousculant face à une mêlée d’outsiders. Revue des troupes, garantissant un haut niveau de compétition sur la route de la Martinique.

16 bateaux dans cette catégorie en 2011, pas loin de trois fois plus 12 ans plus tard. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :  la flotte Class 40 s’est considérablement étoffée au fil des années, et renouvelée. Tout comme en IMOCA, le circuit se densifie quantitativement et qualitativement, et à vitesse grand V. « La flotte est dingue, au point qu’il est difficile de se positionner comme fournisseur de pronostics », souligne Yoann Richomme, vainqueur en titre de la Route du Rhum en Class40, bien placé pour mesurer le dynamisme des forces en présence dans le camp des monocoques de 12,19 mètres. Mais au chapitre des candidats à la victoire finale, difficile de ne pas citer Ambrogio Beccaria qui a développé un super bateau qu’il mène particulièrement bien, ce qui lui permet de truster tous les podiums depuis le début de la saison. Au jeu des prévisions sportives, le nom du Milanais d’Alla Grande Pirelli, vainqueur de la Mini-Transat 2019, associé à Nicolas Andrieu pour sa première participation, revient systématiquement. Tout comme ceux de la paire de Crédit Mutuel dont les co-skippers, Ian Lipinski et Antoine Carpentier, cumulent quatre victoires à eux deux sur la course. Gare aussi aux marins d’IBSA avec Alberto Bona et Pablo Santurde Del Arco, vainqueur de la course en 2021, et à toute la clique des duos où pointent des experts du Figaro. 

 

LES FIGARISTES EN FORCE

 

Comme Yoann Richomme, qui convient qu’après le Figaro, le passage par la Class40 lui a facilité « l’apprentissage de la navigation à haute vitesse », de nombreux figaristes ont en effet franchi le pas avec envie et conviction pour rejoindre ce circuit qui ouvre en grand les portes de la course au large. C’est le cas d’Alexis Loison (La Manche # Evidence Nautique, avec Nicolas Jossier) et de Guillaume Pirouelle (Seafrigo Sogestran, avec Cédric Chateau). Il en est de même des duos d’Amarris (Nebout-Mahé), ou encore celui de Groupe SNEF, tous deux exclusivement composés de marins qui ont affûté leur talent sur le circuit monotype. «  On pourrait presque se croire au départ de la Solitaire », s’amuse Xavier Macaire, le co-skipper de ce dernier. « En visant large, on est 20 à pouvoir jouer la gagne, favoris et outsiders confondus. Sans me mettre la pression, cela me permet de me dire qu’il va falloir être bon. C’est un réflexe de figariste de voir plein de concurrents qu’on estime, sans pour autant les craindre », détaille celui qui a choisi de s’associer à Pierre Leboucher pour « fonctionner en faux solitaire autour d’une stratégie définie en commun. »  
 

Idem pour l’équipage Delahaye-Douguet (Legallais), qui à défaut d’avoir eu le temps de prendre en main son tout nouveau scow mis à l’eau fin août, peut compter sur son immense expérience, cultivée notamment sur les courses à armes égales, pour jouer aux avant-postes. « Il y a beaucoup de bateaux neufs, le plateau technique est déjà très relevé. Et on court en double, ce qui nivelle le niveau. Ce sera notre 10è navigation à bord de ce nouveau scow. C’est une évolution du Lift V2 qui a déjà fait ses preuves, et qu’ on a déjà pu éprouver dans des conditions difficiles. On n’a pas d'inquiétude quant à sa capacité à endurer celles qu’on attend pour le début de course, » se rassure Fabien, vainqueur en Class40 en 2011.

 

QUANTITÉ, QUALITÉ, DIVERSITÉ 

 

Pour autant, ce serait réducteur et trop vite oublier que la classe puise d’abord sa vitalité dans sa formidable diversité. D’autant plus sur une course en double, quand le jeu des associations donne lieu à des tandems qui misent sur l’alchimie des compétences. C’est le cas de celui d’Edenred, qui voit de nouveau le jeune et talentueux Basile Bourgnon, 2e de la dernière Solitaire du Figaro, faire équipe avec le marin-entrepreneur Emmanuel Le Roch.  «  Il y a un paquet de bateaux qui peuvent jouer le podium. On est vraiment au croisement de ce qui peut être l’antichambre de l’IMOCA ou du Figaro », confirme Tanguy Leglatin, entraîneur à Lorient Grand Large. Ce coach qui accompagne les skippers dans leur quête de performance, passe pour la première fois de l’autre côté de la barrière sur une transat, à bord d’Everial avec Erwan Le Draoulec, vainqueur de la Mini-Transat. En observateur averti de la flotte et des marins qui la composent, ce bizuth de l’Atlantique ajoute : « et il y a toujours des  propriétaires qui se font plaisir en participant à des belles transats avec des bateaux plutôt sympas. Avec une vraie maîtrise des coûts par rapport aux IMOCA, la classe trouve toute sa place. Elle a réussi à conserver des armateurs-amateurs qui forment des duos rassemblant de solides compétences ». 

Des propos que partage volontiers l’infatigable Kito de Pavant, 11 participations au compteur. « J’ai fait toutes les Transat Jacques Vabre de ce siècle. En Orma, en IMOCA, en Multi50 et en Class40. La classe a connu une vraie révolution avec 45 bateaux neufs construits en l’espace de  trois ans avec des skippers qui ne viennent pas seulement du Figaro, mais aussi de l’olympisme et de la Mini. Le niveau se renforce considérablement, parce que les bateaux attirent. C’est sans doute l’une des classes où le podium sera le plus disputé, même si la contrepartie sera que ce sera très difficile pour les bateaux à étrave pointue.  Et on s’attend à des surprises avec plein de jeunes qui ont les crocs », commente le skipper méditerranéen qui rejoint le médecin amateur averti, Bertrand Guillonneau, à bord d’un bateau de dernière génération, bien préparé, pour se mêler à cette impitoyable bataille entre scows. Et c'est sans compter avec les femmes au nombre de sept dont six d'entre-elles composent des duos à 100% féminins. Celui de La Boulangère Bio, formé par les talentueuses Amélie Grassi et Anne-Claire Le Berre, qui affiche de solides compétences, sera à surveiller de près.

 

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