Photo du bord ACTUAL ULTIM 3
Édition 2023 14 novembre 2023 - 17h10

Leaders, suiveurs et franc-tireurs

Les palmiers du village saluent l’alizé vigoureux qui propulse de nouveau à belle vitesse les trois ULTIM, attendus ce soir et dans la nuit à Fort-de-France. Maxi Edmond de Rothschild ouvrira le bal dès 17 heures locales et viendra rejoindre les deux trimarans déjà amarrés au ponton. Charles Caudrelier et Erwan Israël diront alors si le sauvetage de leur troisième place sur le podium compense la déception de ne pas avoir pu jouer avec les deux leaders jusqu’au bout. Dans les autres classes, mis à part les Ocean Fifty en mode to schuss vers les Antilles, le subtil menu météo met les nerfs des skippers à rude épreuve. Grosse dépression sur les Açores, alizé capricieux à la latitude des Canaries, l’affrontement théorique Nord/Sud pourrait être relancé par des routes alternatives. Suiveurs ou franc-tireurs, à chacun de se positionner…

ULTIM : Fin de chantier !

Tir groupé ou presque aujourd’hui pour les ULTIM. Avant le lever du jour, et sauf avarie de dernière minute, les cinq grands trimarans seront amarrés à Fort-de-France, dans un ordre qui n’a finalement pas bougé depuis une semaine, lors du passage de l’archipel Sao Paulo & Sao Pedro. Les sentiments seront sans doute mêlés pour les trois duos retardataires : La délivrance pour le Maxi Edmond de Rothschild, handicapé depuis vendredi dernier et qui pouvait douter encore hier de monter sur le podium. Frustration sans doute pour les deux Thomas de Sodebo Ultim 3 qui n’ont jamais pu vraiment se mêler à la bagarre des leaders depuis le départ. Satisfaction peut-être pour Actual Ultim 3 qui continue sa progression et n’a pas lâché la roue de bateaux réputés plus performants. 

Comme le soulignait Armel Le Cléac’h dans la nuit de dimanche à lundi, les écarts importants entre les deux premiers et les trois autres maxi-trimarans sont d’abord le fait d’un véritable péage au passage retour de l’équateur et ne sont pas vraiment représentatifs de l’ensemble du parcours. C’est en tous cas un succès pour la classe ULTIM qui amène 100% de la flotte au bout de cette transat de 7500 milles,  où les trimarans auront connu contrairement à l’édition 2021 un panel varié de conditions météo, ce qui confirme la maturité technique des machines dont le prochain chapitre sera le tour du monde en solitaire et en course.

 

IMOCA : Des nordistes sur la brèche

L’hémorragie continue pour Teamwork (Mettraux-Villion) qui navigue toujours 7 à 10 noeuds moins vite sur la route que les tenants de l’option Sud dans laquelle For People (Ruyant-Lagravière) vient de chiper la place au jeu des empannages à Paprec Arkea (Richomme-Eliès). Le leader du Nord n’a plus qu’une petite quarantaine de milles d’avance et s’apprête à connaitre douze heures difficiles. Les jujus suivront-ils la trace du routage idéal qui les fait monter presqu’au centre de la vilaine dépression qui traverse l’Atlantique à la latitude des Açores où chercheront-ils à se protéger un peu dans son Sud  ? Pour Christian Dumard, météorologue de la Route du Café, « s’ils plongent au Sud trop tôt, ils acceptent de perdre mais préserveront leur bateau. Le routage par le Nord est toujours gagnant grâce au très bon angle de fin de course dans l’alizé, mais il est très difficile à suivre et beaucoup plus sollicitant… »
Aucun des douze bateaux qui évoluent entre 30° et 40° de latitude Nord ne pourra complètement échapper à ce nouveau balayage d’ouest, comme l’anticipe Jingkun Xu  (Singchain Team Haikou) qui notait avec poésie la nuit dernière  : « La dépression agit comme par magie, aspirant le vent autour d'elle et nous avec ». Groupe Dubreuil le sait bien, lui qui cherche déjà à s’en préserver pour maintenir en état sa grand-voile, réparée avant her avec les moyens du bord… 
Reste que le passage de ce front pourrait aussi intéresser des retardataires du groupe du Sud qui n’ont pas grand chose à espérer en vitesse pure s’ils suivent les leaders. Pour l’instant, V and B Monbana Mayenne (Sorel-Pratt) semble vouloir couvrir l’Occitane en Provence (Crémer-Roberts),  mais ces deux-là pourraient profiter d’aller chercher un nouveau décalage dans leur Nord pour se détacher des six leaders qui carburent à plus de 20 noeuds de moyenne 120 milles sur leur avant.

A noter dans cette catégorie le retour en course annoncé de Lazare qui doit repartir de Lorient ce soir après le long chantier qui a permis de consolider la structure et le fond de coque du plan Finot-Conq 2007 de Tanguy Le Turquais et Félix de Navacelle.

 

Class40 : Toujours très ouvert

Chez les petits monocoques, les envolées stratégiques ne sont pet-être pas terminées non plus. 160 milles d’écart latéral séparent Alla Grande Pirelli (Beccaria-Andrieu) troisième au Sud de Crédit Mutuel (Lipinski-Carpentier) deuxième au Nord. Au milieu, Groupe SNEF (Macaire-Leboucher) mène le bal et se montre le plus rapide de la flotte sur les derniers flots, mais les écarts sont dérisoires au vu des 2000 milles qui restent à parcourir. 

Passé la zone de molle dans leur Nord, Crédit Mutuel pourrait être tenté tout comme Amarris (Nebout-Mahé) devant lequel il va recroiser d’aller chercher une opportunité sur la droite, exactement comme les IMOCA. Alors que les Sudistes semblent condamnés à aller au bout de leur option, les bateaux décalés dans le nord ont donc une palette de trajectoires plus large au huitième jour de course. Aller jouer dans le Sud de la grosse dépression qui passe sur les Açores est une prise de risque qui pourrait payer en fin de parcours lorsqu’il faudra redescendre vers les Antilles. Autant dire que les routages doivent tourner bon train sur les ordinateurs de bord des Class40 à l’approche de ce passage qui pourrait s’avérer décisif pour la suite des opérations.

 

Ocean Fifty : Les 50 pieds mettent le turbo

L’alizé est toujours au rendez-vous pour la triplette d’Ocean fifty en course et manifestement, il s’est renforcé. Le leader Solidaires en Peloton est passé sous la barre symbolique des 1000 milles de distance au but et cavale à plus de 20 noeuds de moyenne vers Fort-de-France qu’il pourrait atteindre dans la soirée de jeudi. Toujours en bonne position de contrôle, Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck ne font aucune erreur, mais ne creusent pas non plus leur avance sur Réalités (Cahierc-Chappellier), qui s’est stabilisée à 120 milles. Classement après classement, le nouveau plan VPLP creuse en revanche un peu plus sur Viabilis (Quiroga-Treussart) qui ferme la marche à 200 milles du leader. 

 

 

 

 

 

 

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