Photo du bord IMOCA Coup De Pouce
Édition 2023 13 novembre 2023 - 14h45

Mots du bord : très chers alizés . . .

Ils font route ensemble. Les IMOCA et les Class40 sont bord à bord au Sud des Canaries. Les leaders sont déjà bien installés dans les alizés, tandis que leurs poursuivants commencent à en sentir les frémissements. Plus à l’arrière, on prend encore son mal en patience. Mais tous avaient la même envie ce matin lors de la vacation : échanger et nous faire partager leur course. Morceaux choisis…

Maxime Sorel (V&b - Monbana - Mayenne) - IMOCA

"Le dragon va super bien, là ça fume un peu d’ailleurs. Il y avait un peu de vent ce matin, on est un peu sous l’eau mais tout va bien. On a perdu pas mal de distance hier avec le passage des Canaries où on a eu peu de réussite et un vent mollissant. Forcément les petits copains en ont profité pour partir devant mais sinon, effectivement, on s'accroche au bon wagon et on espère bien le tenir jusqu'au bout. Sur la carte oui, (la route est toute droite jusqu'à l'arrivée, ndlr) par rapport à la météo c'est quand même un peu plus compliqué que ça. C'est pas encore très clair, tous les phénomènes qui se passent au nord nous contraignent bien jusque dans le sud donc on affine tout ça et on regarde les prochains jours."

Manuel Cousin (Coup de pouce - Giffard manutention) - IMOCA

"On est dans les alizés, là ça y est on est en train de passer les Canaries donc on est entre les îles et je t'avoue que là c'est la photo. Il fait bon, il fait beau, il commence à faire chaud, on a pris notre petit déj en terrasse et on est en train de faire les empannages pour passer entre les îles.

Il y a eu deux choses dont on n’avait pas parlé. Au tout départ de la course, on a malheureusement cassé deux lattes, vraiment sur la phase du départ de la course, et on savait qu’il fallait qu'on trouve un moyen, dans du temps vraiment léger, pour pouvoir réparer, c'est-à-dire affaler la grande voile, changer les lattes, les réparer potentiellement. Donc on savait dès le départ que l'option sud pour nous était quasi obligatoire. Finalement c'est bien tombé parce qu’on pense qu’il y a moyen de jouer et on a pris vraiment cher dans le premier front donc du coup on tente notre chance dans l’option sud de toute façon."

Antoine Cornic (Human Immobilier) - IMOCA

"Le bateau va bien, on a bricolé dans la dorsale hier parce que le bateau avait un petit peu été abîmé pendant la tempête. Il est à 100% et les garçons à bord aussi. Il reste plus qu'à nous faire un grand lavage et puis on sera bien. On a beaucoup hésité à choisir l’option sud, moi je serais bien parti dans l'ouest mais on est dans une situation assez compliquée dans l’IMOCA. Il n’y a plus de mât (à dispo à terre), il y a vachement de problèmes d'approvisionnement de pièces donc reprendre des risques de casser quelque chose alors qu’il y a une autre transat à faire derrière etc… On a pris une solution un peu plus sage qui est l'autoroute du sud. Cette décision est vraiment guidée par le long terme, avec les objectifs définitifs du projet. Après je ne sais pas si c'était la bonne option de partir à l'ouest ou dans le sud, comme on dit on comptera les points à la fin."

Fabrice Cahierc (Réalités) - Ocean Fifty

"Le lundi c'est pas pareil que le dimanche. On fait aussi du bateau mais là c'est vraiment pour la compétition ! Là c'est quasi idyllique, on a un vent de 15 nœuds environ, on est au portant, on empanne assez régulièrement. On est sur un très long bord qui va nous amener jusqu'à ce soir et après on a une succession d'empannage avant d'arriver à Fort-de-France. On est obligés de composer avec un vent complètement arrière donc nous, particulièrement sur les Ocean Fifty et sur les multicoques, on doit se créer un vent apparent, en multipliant les vecteurs de force qui font qu'on avance finalement plus vite sans aller tout droit. C’est un peu bizarre mais ça se comprend très bien. On voit qu’on a un bateau qui, par moment, à une vitesse équivalente et parfois un peu supérieure donc on a un beau potentiel. On ne l’a pas encore complètement exploité à fond. 

Le fait de voir Viabilis ça nous motive à ne pas trop se détendre en fait. On reste concentrés, on est au taquet, on laisse rien passer. À la moindre risée, on relance le bateau en permanence, de nuit comme de jour, on se relaye avec Aymeric. On est sur la même longueur d’onde là-dessus donc on va faire en sorte qu'il passe pas. Il ne faut pas que Solidaires se loupe non plus parce qu'on ne lui fera pas de cadeau !"

Goulven Marie (Qwanza) - Class40

"C’est très très léger, on a du soleil, là on vient de nettoyer les panneaux solaires pour qu'ils donnent le maximum. Ça fait une semaine qu’on est en mer, on est un peu frustrés pour tout dire parce qu'après une dizaine d’heures de course on a eu une grosse panne sur la centrale de bord donc plus aucune information et plus de pilote automatique. Du coup on s’est relayés pendant un jour et demi à la barre et à la caisse à outils, pour essayer de trouver la panne et au final il y a avait 2 afficheurs et la girouette qui faisaient court-circuiter la centrale. C’était long à trouver, ça nous a un peu épuisés mais on a reçu plein d'encouragements des partenaires, des gens qui nous suivent. Mais on sent que la transat est passée, on a perdu le contact avec la flotte, et en arrivant au cap Finistère on a eu du vent de face là où les autres étaient passés avec du portant, avec de la mer et 25 nœuds c’était abominable. On a dû faire 30 virements pour passer le cap Finisterre, c'était horrible. Tous les deux on est des compétiteurs donc on ne lâche pas le morceau et on espère pouvoir recoller. On est dernier au classement, on passe un peu pour des chèvres mais on fait pas ce sport si on n’accepte pas ce genre de situations."

Jules Bonnier (Nestenn - Entrepreneurs pour la planète) - Class40

"C’est la première journée où il commence à faire vraiment chaud. Cette nuit il faisait un peu plus chaud mais avec des nuages. On a eu une nuit peu ventée et là le vent est en train de revenir tranquillement donc tout va pour le mieux. On a La Manche #Evidence Nautique à 2/3 milles de nous et il y a Legallais qui doit croiser juste devant nous en ce moment même. On a parlé ce matin avec Alexis (La Manche #Evidence Nautique) à la VHF et Legallais je pense qu’il est trop loin, vu qu'on a une position toutes les heures on ne sait pas exactement. C'est marrant, c’est sympa, ça permet de dialoguer, d'échanger. C’est vrai qu'on avait croisé pas mal de monde depuis notre re-départ de La Corogne. On est parti en même temps qu’Alexis et Nicolas (La Manche #Evidence Nautique) donc on est souvent à côté depuis mercredi. On a pu discuter avec Gaston Morvan (Prysmian Group) quand les IMOCA nous ont doublés, on a croisé Anatole (L’Envol-Kermarrec promotion), on n’a pas grand-chose à se dire mais on parle pour parler. On mange bien, on dort bien et on essaie de faire attention à l'énergie à bord parce que la course va peut-être être un peu plus longue que ce qu'on pensait. On vient de sortir notre grand panneau solaire qu'on a mis sur le pont et puis l'eau on ne se rationne pas mais on fait attention quand même et pareil pour l’accès à internet, on essaye de minimiser au maximum nos contacts pour avoir de la data jusqu’à l’arrivée."

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