Viabilis dans les alizés
Édition 2023 13 novembre 2023 - 18h44

Petits ou grands écarts : quatre flottes au sommet de l’art

Qu’il leur reste 1000 milles à parcourir, que 800 milles les séparent du nord au sud, ou qu’ils progressent dans un mouchoir de milles sur les grands espaces liquides, les quatre classes de la Route du café n’en finissent pas de disputer une course au meilleur niveau de compétition océanique. Tour d’horizon de ces flottes qui tiennent toutes leurs promesses aux détours de leurs parcours respectifs entre Le Havre et la Martinique.

Une route en points zigzags, avec une vingtaine d’empannages en 48 heures, c’est la belle performance signée par le duo du Maxi Edmond de Rothschild qui  s’efforce de tenir bon la cadence pour reprendre des milles perdus dans la bataille menée pour réparer son système de barre endommagé. Mais on sait que le potentiel du vainqueur en titre à Fort-de-France est néanmoins entamé. Tout comme celui de Sodebo 3 Ultim, qui ne cède pourtant rien dans le dernier bord de portant, au terme duquel l’un des deux méritera de monter sur le podium ULTIM sous les latitudes tropicales.

 

À 18h, 145 milles séparent ces deux trimarans, attendus demain entre le début et la fin de nuit antillaise (04h et 10h, mercredi 15 novembre, heure française). Selon les dernières estimations, Actual Ultim 3 pourrait à son tour boucler le parcours, via son détour par l’hémisphère sud, avec deux petites heures de retard sur le quatrième. C’est dire si le classement n’est pas à l’abri de connaître des chamboulements d’ici là, au gré des inévitables grains qui rythment le final vers la Martinique. Alors qu’il leur reste plus ou moins 1000 milles à parcourir, ces trois derniers maxi-multicoques naviguent toujours en apportant dans leur sillage la promesse d’être au grand complet à l’arrivée. Cinq au départ du Havre, autant  en Martinique : c’est le tour de force ULTIM qui se profile à l’horizon de cette transat XXL disputée par cette flotte d’exception.

 

IMOCA : Foilers « afoilants » et dériveurs « résistants »

 

Un duel, avec environ 800 milles d’écart nord-sud entre la latitude du cap Saint Vincent au Portugal et celle des côtes sud marocaines, anime la course chez les IMOCA. Lequel des deux groupes menés par des foilers l’emportera ? Le suspense reste entier. Si les routages de ce matin penchent encore un peu en faveur des Nordistes, les incertitudes, liées aux enchaînements des systèmes météo dont ils sont tributaires sur leur route chaotique, laissent encore planer le doute. D’autant plus sur l’autoroute du sud, un trio de nouveaux bateaux (Charal,  Paprec Arkéa et For People), réuni dans un mouchoir de milles, progresse à des vitesses « afoilantes » qui attisent le suspense. 

 

Dans cette flotte qui compte 33 bateaux en mer aujourd’hui, difficile de  ne pas saluer les belles courses de DeVenir et Mail Boxes Etc. (MBE), deux bateaux à dérives qui rivalisent avec un trio de foilers (Bureau Vallée, DMG Mori Global One, Hublot) dans le sud des Canaries. Les alizés, qui souffleront bientôt dans leurs voiles risquent certes de les départager, mais les petits écarts affichés sont ceux de talentueux équipages qui tracent des trajectoires inspirées et maîtrisées. Notons aussi la remontée spectaculaire de Groupe APICIL, de retour sur la course après une escale technique à Lorient pour réparer sa bôme brisée. Ce lundi, il vient de doubler le duo sino-britannique de Singchain Team Haikou, qui n’ a pas eu peur de s'aventurer sur la face nord du parcours.

 

Class40 : des matchs dans le match

 

De leur côté, les Class40 font honneur à leur réputation de garantir de la régate à tous les étages Depuis une semaine, les 37 équipages encore en course, ont su surmonter le coups de boutoir des éléments. Aux quatre coins de la flotte, des matchs dans le match animent la course. À commencer par celui qui agite le ménage à trois composé par Legallais, La Manche #Evidence Nautique et Crosscall, tous victimes de faits course qui les ont freinés net dans leur élan. Après être repartis, ce trio qui progresse en approche des Canaries, n'a rien à envier au quatuor de bateaux de tête, qui fait déjà cap à l’ouest. Après Amarris hier, Groupe SNEF, IBSA, Crédit Mutuel et Alla Grande Pirelli n’ont visiblement pas fini de se chamailler pour mériter le droit de pointer en première ligne du classement.

 

Ocean Fifty : chapeau au trio 

 

Enfin, si la hiérarchie est bien établie chez les Ocean Fifty, qui progressent à coups d’empannages dans le flux d’alizés, elle souligne néanmoins qu’il n’y a pas besoin d’être nombreux pour disputer une course d’une intensité de tous les instants. Surtout à bord des ces trimarans toujours très spectaculaires sur un flotteur entre trois bouées. Voilà une semaine que les marins de Solidaires en Peloton, Réalités et Viabilis, pourtant malmenés par les abandons de leurs camarades de flotte, se tiennent en respect ; et forcent celui des terriens devant leur capacité à braver l’océan sans rien céder au jeu de la régate. Du grand art… 

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