le duo d'Edenred dans les alizés
Class40
Édition 2023 17 novembre 2023 - 20h38

Quand la molle s’en mêle…

À l’image des interrogations qui planent en IMOCA, la dispersion des bateaux de la Class40 en deux groupes nord-sud laisse rend le dénouement de cette Route du café des plus incertains. À 1300 milles de l’arrivée, si les routages donnaient hier un léger avantage aux nordistes, les dernières heures endurées dans des petits airs asthmatiques relancent le débat. D’autant que de probables perturbations dans le flux d’alizés en approche de l’arc antillais sèment aussi le trouble dans le jeu des pronostics. Qui, du Nord ou du Sud, l’emportera ? C’est toujours toute la question…

« Oh molle. Oh pétole… Oh ralentissement ennemi ! Tu nous a gardés dans tes filets une bonne partie de la nuit ! Flip-flop, tels ont été les bruits de la nuit ; les voiles qui dansent au gré des vagues sans jamais ne pouvoir se gonfler. Ça n'était pas prévu comme ça. Tu as tenté d'éroder nos espoirs, mais c’est sans compter sur notre détermination absolue. Rien n’est jamais fini, tant que personne n'a coupé cette ligne d'arrivée encore si lointaine et pourtant jamais si proche ». Dans son dernier message de la nuit, Antoine Carpentier (Crédit Mutuel) fait un récit assez éloquent des dernières heures de navigationdans les méandres des isobares trop distendus de paresseux calmes anticycloniques. 

 

Avec des vitesses dépassant difficilement les 3 nœuds et se matérialisant par une perte de 60 milles en l’espace de six heures pour Groupe SNEF, premier de cordée de nordistes, par rapport à Alla Grande Pirelli, premier sudistes, le petit coup de frein a été bien réel. Mais il était temporaire, puisque dans le milieu d’après-midi, les speedomètres des nordistes reprenaient vite des couleurs. De quoi redonner le sourire à tous ceux qui progressent sur cette option, comme le duo d’Amarris, ou celui d’Influence 2. Auteur d’ une belle remontée dans le classement ce dernier, même s'il concède un bel écart progresse  en bonne position pour poursuivre sur sa lancée ; si d’aventure le choix de la route nord remportait la mise à Fort-de-France.

 

À six jours des probables premières arrivées, le suspense s’intensifie et chaque équipage campe sur son positionnement pour tirer le meilleur de son monocoque et déjouer les pièges et embûches jalonnant sa route. À bord de Café JoyeuxNicolas D’Estais confie aussi avoir vécu des dernières heures frustrantes. « On essaye de mener notre bout de chemin au sein du groupe du Sud, où s’est revenu un peu par derrière (…) En étant au Nord du groupe, on est plutôt bien positionnés pour une prochaine bascule à droite à plus moyen terme. On essaie vraiment de faire marcher le bateau le plus rapidement possible en faisant des quarts assez courts pour grappiller le moindre dixième de nœuds », explique celui qui pointe en 4è position, à une quarantaine de milles du premier duo lancé sur la voie du sud. 

 

Toujours à la lutte avec son compatriote d’IBSA, Ambrogio Beccaria, chef de file du plus gros peloton de la flotte qui s’étire au fil des milles confie aussi maquer un oeu de pression : « On a un vent faible aujourd’hui et il fait trop chaud, surtout pour Nico (Andrieu, le co-skipper). La bataille continue à chaque bascule et avec chaque variation de la vitesse du vent. On a arrêté de regarder ce qui se passe au nord, parce que l’on ne peut rien contre eux. Il faut que l’on reste concentré sur notre position au sud. » Alors que le régate bat son plein, la chaleur s’invite à bord et donne quelques suées aux équipages, déjà bien calés sous les latitudes tropicales.  « On a profité des petites variations du vent pour nous recaler un peu plus au sud par rapport à nos petits copains. On a plutôt la vitesse, donc on est assez contents. On commence à souffrir de la chaleur. Quand on empanne et quand on s’attaque au matossage, on ressort littéralement trempés », raconte Emmanuel Le Roch. « Sinon, tout va bien, le bateau va plutôt vite. C’est plus technique depuis quelques jours. On a plutôt choisi une option sud, par rapport au risque de se faire bloquer, comme c’est arrivé ces dernières heures aux petits copains du nord. On n’aura pas le verdict avant la veille, voire le jour d’arrivée. On croise les doigts », complète le co-skipper d’Edenred, visiblement content d'avoir remonté quelques places au classement. Tout ce qui est pris, n'est plus à prendre.

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