Photo du bord Edenred
Édition 2023 08 novembre 2023 - 19h09

Après nous, le déluge !

"Engagé", "musclé", "sportif", les superlatifs ne manquaient pas pour les skippers joints ce matin à la vacation de 11h. Ces premiers jours de course n’ont épargné aucune des trois classes encore au large des côtes européennes. Fatigue, mal de mer et pas mal de casse aussi. La Martinique ça se mérite !

"35 nœuds, il est temps que ça se termine" dixit Basile Bourgnon accroché fermement à la barre de son EDENRED, voguant sur une mer déchaînée. Depuis leur départ, les marins, toutes classes confondus, encaissent, plus ou moins bien. Dans le monde de la voile, on a coutume de dire qu’il faut respecter les 3 F pour une bonne navigation : ne pas avoir froid, ne pas avoir faim, ne pas être fatigué. Soyons honnête, dans ces premiers jours de courses, les équipages qui cocheraient les trois cases seraient des menteurs. 

 

Des estomacs éprouvés

Le duo Cap pour Elles en sait quelque chose. "On a été malade toutes les deux, on boit et on mange pas du tout", confiait Pamela Lee ce matin (ENGIE - DFDS - BRITTANY FERRIES). Peut-on les blâmer avec 40 nœuds de vent et des vagues aussi hautes que leur bateau ? Mais, deux skippers malades, en même temps, compliquent nécessairement les manœuvres. D’autres s’en sortent mieux, c’est le cas de VIABILIS OCEANS. Quelques maux pour Ronan Treussart la première nuit qui s’est désormais "amariné", comme on dit, "la deuxième nuit on a été nickel tous les deux, on a fait des quarts donc on a réussi à avancer."

Et puis il y a ceux pour qui c’est passé (presque) crème ! À bord de LA BOULANGERE BIO, on tient la forme. "On n’a pas eu le mal de mer, pas trop de boulot sur le bateau donc ça va", raconte Amélie Grassi. "L’alimentation ça se passe bien, on a mangé tout ce qu’on avait prévu de manger."

 

"Ça tape, ça mouille, ça cogne"

Si les équipages gèrent moyennement bien la faim pour le moment, le froid peut aussi être leur ennemi, d’autant plus s'il est humide. Sur CENTRAKOR on a trouvé la solution, la technique dite du "cormoran". Bras et jambes écartés, comme l’oiseau a lui-même l’habitude de le faire, on fait sécher la combinaison qu’on porte au moindre rayon de soleil. Plus au Nord, au large du Finistère, chez les IMOCA c’est la même ambiance. Sur FOUSSIER - MON COURTIER ENERGIE, Sébastien Marsset nous confiait, ce matin, apprécier le peu de lumière qui passe "Mine de rien ça réchauffe un peu parce qu’on a eu très froid cette nuit. Ça tape, ça mouille, ça cogne." 

 

Fatigue générale 

A ce stade, bilan mitigé pour les F : 0/2. Et la fatigue ? Pas évident non plus. De l’avis général, les conditions musclées, qui s’étirent, ont bien éprouvé les bateaux et leurs capitaines (et co-capitaines). D’ordinaire, les skippers devraient se relayer selon un principe : le quart. Dormir quelques minutes ou heures, le temps que leur compagnon tient la barre et inversement. Là encore, on s’adapte à l’océan. Sophie Faguet et Sébastien Marsset ont eux réussi à adopter un rythme dès le Havre "Le départ matinal nous a permis d’attaquer des siestes assez tôt dans la navigation. De la fatigue, c’est sûr, il y en a mais on va profiter de ce grand bord vers le cap Finisterre pour se reposer et réfléchir à notre stratégie."

Pour les Class40, qui entrevoient le bout du tunnel, un semblant de vie à bord devrait enfin revenir. "On commence à prendre le rythme des quarts et à trouver le bon roulement, racontait Hervé Jean-Marie (MARTINIQUE TCHALIAN) en fin d'après-midi, Le bateau va bien, les hommes aussi. D’ici quelques heures on devrait être dans des allures plus favorables et plus calmes ce qui va nous permettre de s’alimenter et se reposer."

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