Opération réparation grand-voile pour le team MACSF
Édition 2023 09 novembre 2023 - 13h33

Et voguent les galères : un pit-stop… et ça repart ?

De Brest à Cascais, en passant par Lorient, Vigo et La Corogne… Plusieurs IMOCA et une poignée de Class40, les plus éprouvés par des conditions sans concession les cueillant au saut de leur départ ou de leur retour en course, ont trouvé un abri pour réparer les dommages subis. Certains sont déjà repartis. D’autres, travaillent d’arrache pied pour remettre leur bateau en bon état. Enfin, quelques-uns, à l’image de l’IMOCA Maître CoQ V, dont la grand-voile s’est déchirée, ou du tout nouveau Class40 Legallais dont la structure est endommagée, font route vers un port d’escale. Le point sur ces tandems qui ont rallié ou se dirigent vers la terre ferme. Avec pour la plupart, la non moins ferme intention de repartir au plus vite. Et de plus belle sur les chemins qui mènent à la Martinique…

 

Cinq IMOCA en escale technique

 

C’est hier soir qu’on a appris que Maître CoQ V déplorait de sérieux soucis de grand-voile suite au passage du front. Tout comme Biotherm qui a trouvé refuge à Brest, et MACSF qui a rejoint dans la nuit Lorient, pas question de poursuivre la course sans ce moteur puissant pour naviguer à la seule force du vent à travers l’océan. Pour réparer, Yannick Bestaven, le vainqueur en titre du Vendée Globe et son co-skipper, Julien Pulvé, ont choisi de continuer à descendre pour rejoindre Vigo, au nord-ouest de la péninsule ibérique. «  La possibilité de nous arrêter à Lorient a été envisagée (...)  Mais Le plus évident pour repartir le plus vite possible est d’amarrer Maître CoQ V à Vigo », justifie Jean-Marie Dauris, le manager de l’équipe engagée depuis hier dans une opération pit-stop éclair. Ce matin l’IMOCA est en passe de rejoindre ce port d’escale, ou seront menées les réparations nécessaires dans les plus brefs délais.

Un joli tour de force qu’a déjà réalisé le duo suisse d’Oliver Heer Ocean Racing, qui déplorait un souci de gréement. Il a rejoint Camaret, hier, sur les coups  de minuit. Six heures plus tard, Oliver Heer et Nils Palmieri ont repris la mer, avec un écart de près de 500 milles sur la tête de flotte. Les conditions qui accompagnent ce retour en course ne seront pas faciles. Les deux marins gardent néanmoins l’espoir qu’elles restent suffisamment maniables pour leur permettre faire le dos rond, avant de laisser - enfin -, ce satané golfe de Gascogne dans leur tableau arrière. 

Pour deux autres IMOCA, Groupe APICIL, dont la bôme s’est brisée hier et Lazare qui déplore une voie d’eau sur tout le bordé tribord suite à un choc avec un OFNI, la course contre la montre est lancée, à Lorient. Mais d’un côté comme de l’autre, l’objectif est clairement annoncé : repartir au plus vite pour terminer, vaille que vaille, cette Transat Jacques Vabre. « Le côté sportif est terminé, mais notre défi à présent, c’est de réparer pour reprendre la course ; et la finir avant la fermeture de ligne, le 1er décembre », explique Tanguy le Turquais, dont le bateau rose a rejoint vers 23h hier le ponton. 

« Il y a beaucoup de déception et de la frustration aussi. Car au moment où nous avons cassé, nous étions bien. Avec Laurent (Bourguès), on pensait avoir fait le plus dur. Et finalement non… Malheureusement ! Il est 3h du mat et derrière moi, c’est la fourmilière. L’équipe s’active », confie cette nuit confie Damien Seguin qui ne prévoit pas, en raison des conditions détestables, de remettre son Groupe APICIL sur la route avant la journée de demain vendredi.

 

 

4 Class40 à l’arrêt : diagnostiquer, soigner, panser, réparer

 

Dans le sud du golfe de Gascogne, des équipages de Class40 s’efforcent aussi de soigner et panser les blessures subies. Notamment le gros coup encassé par le duo de Legallais, pourtant bien positionné aux avant-postes hier le long des côtes portugaises. Jusqu’à ce qu’il retombe violemment dans une vague. Le choc brutal n'est malheureusement pas sans dommages pour ce tout nouveau bateau, dont la structure a souffert à l’avant. Ce matin, Fabien Delahaye et Corentin Douguet font route vers Cascais, pour établir un premier diagnostic et évaluer l’ampleur des dégâts.

À l’image de Curium Life Forward, qui n’est pas épargné et vient, rebelote, de rebrousser chemin,  c’est d’une abnégation à toute épreuve dont il faut faire preuve. « Voie d'eau déclarée à bord. Retour à Lorient. Retour au port... La poisse… » écrit dans un message Marc Lepesqueux qui était pourtant venu à bout de ses problèmes d’électronique. « Encore une course dans la course », ajoute le skipper normand qui cumule les ennuis. À Lorient, il retrouve à nouveau l’équipage havrais de The Sea Cleaners - Univerre - ENSM, qui se démène pour équiper son  bateau d’un nouvel espar, suite à son démâtage de lundi dernier. 

Pour d’autres, l’escale technique prend heureusement la forme d'un pit-stop éclair. Saluons la belle opération menée par la duo féminin du Bleuet de France qui déplorait un souci de voile d’avant, ainsi qu' un problème de cadène. Un petit détour par le port de Cario en Espagne pour monter dans la mât, et voilà les deux jeunes navigatrices de retour sur l’eau depuis hier minuit. Idem pour le duo espagnol de Mussulo.  Il est reparti  hier soir de La Corogne, après avoir réparé son aérien cassé. Et c’est aussi tout ce qu’on souhaite à l’équipage de Trimcontrol, qui a rejoint Vigo cette nuit, après la casse de son dehors. Ce jeudi midi,  de Lorient à à Cascais, en passant par Vigo : quatre tandems sont aujourd’hui en escale forcée dans la catégorie Class40.

Au chapitre de la combativité dont s'arment ces marins, difficile de ne pas saluer celle des navigateurs de Qwanza. Les deux co-skippers du doyen de la flotte encore en course dans cette classe ont dû tenir bon la barre, au propre et figuré, pour se relayer face à un pilote automatique défaillant. Heureusement, ils ont annoncé  l’avoir remis en marche sur l’eau hier.  Et voguent les galères… 

 

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