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Édition 2023 12 novembre 2023 - 15h27

Patience et impatiences

150 milles d’avance à 300 milles du but… Difficile pour le béotien derrière sa cartographie de ne pas imaginer que la course est gagnée pour Maxi Banque Populaire XI, annoncé ce soir vers 19h00 locale sur la ligne. Mais dans la moiteur d’une soirée antillaise où les grains le disputent à l’alizé, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse savent bien que patience et concentration sont les deux mamelles du succès pour conclure cette virée de 7400 milles qui n’a pas manqué de rebondissements pendant deux semaines de folie.
Alors qu’à Fort de France, le village de Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre a ouvert ses portes à 9h30 locale aujourd’hui, les visiteurs sont impatients de célébrer dans la nuit les vainqueurs de la classe ULTIM. Pour les IMOCA, il faudra patienter jusqu’au 18 novembre au moins mais on saura dès jeudi qui du nord ou du sud a eu raison dans son choix de route pour espérer l’emporter en Martinique samedi prochain. Quant aux premiers Ocean Fifty, si les pilotes ne font pas preuve de trop d’impatience, synonyme de sortie de route dans l’alizé sur ces mobylettes du large, ils devraient pointer leurs étraves dès le 17 en baie de Fort-de-France. Et côté Class40, il faudra attendre le 22 pour voir émerger les premiers de la dernière cordée de cette Route du café. Patience donc !

ULTIM : Victoire à portée de foils pour Banque Populaire XI

En route directe vers la Martinique, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse apercevront sur leur tribord la Barbade cet après-midi et devraient deviner au dessus des nuages les reliefs de la Montagne Pelée avant la tombée du jour. Ils sont attendus au Rocher du Diamant, dernière marque de parcours entre 17h15 et 18h00 locale pour avaler les derniers milles en 45 minutes. Voilà pour le menu théorique. Avec 150 milles d’avance devant SVR Lazartigue si près du but, il faudrait donc une énorme déveine pour que la victoire échappe à Maxi Banque Populaire XI, du genre de celle qui a frappé le troisième Edmond de Rothschild avant-hier quand un OFNI a cassé la liaison du système de barre de leur plan Verdier. Dans le dur depuis, Charles Caudrelier et Erwan Israël voient revenir dans leurs rétroviseurs Sodebo Ultim 3 qui n’est sans doute pas à 100% lui non plus mais aligne de bien meilleures moyennes. De 350 milles vendredi, l’écart qui les maintenait sur le podium a fondu comme neige au soleil des tropiques et les deux Thomas (Coville et Rouxel) ne sont plus qu’à une centaine de milles derrière. Attention quand même pour ces deux-là car Actual Ultim 3 n’a probablement pas dit son dernier mot et se montre de loin le plus rapide des trois ULTIM de queue alors qu’il reste encore 900 milles à courir. Sur les dernières 24 heures, Edmond de Rothschild a couvert 274 milles sur la route, Sodebo Ultim3, 424 et Actual Ultim 3, 474… Faites vos jeux !

 

IMOCA : Premier verdict mercredi soir

En IMOCA, la nouvelle du jour est l’avarie survenue sur Groupe Dubreuil dont la grand-voile est déchirée au dessus du troisième ris. Sébastien Simon et Iker Martinez devront attendre la zone de molle derrière le petit front qu’ils vont traverser demain matin pour espérer réparer. Ils verront donc probablement Teamwork.net (Mettraux-Villion) s’échapper dans l’option nord sur laquelle ils misent tous deux depuis samedi maintenant. Une option dont le panache et les promesses de routages flatteurs ont séduit huit autres concurrents. freelance.com mène toujours dans ce groupe d’IMOCA à dérives  dans lequel s’est hissé le foiler Medallia (Hare-Bubb) mais il aura du mal à résister au retour en fanfare de Monnoyeur - Duo for a job, qui avait du rentrer au Havre après la ligne de départ et a depuis effectué une très belle remontée. On sait que l’IMOCA de Benjamin Ferré et Pierre Le Roy est de loin le plus performant dans la catégorie « dérives » et le complexe menu météo à venir devrait ravir ces deux-là. Après le petit front de demain, une zone de molle attend les Nordistes, dans laquelle il faudra se montrer agile pour rallier un nouveau front mercredi, plus rugueux celui-là avec 40 noeuds et 4 mètres de mer attendus. Ce n’est qu’une fois acquitté ce nouveau péage que les IMOCA du nord pourraient descendre « passer à la caisse ». 

« S’ils effectuent leur trace au rythme des routages, ils pourraient avoir plus de 300 milles d’avance au moment de recroiser devant les leaders du sud » décrypte Christian Dumard, météorologue de l’organisation. L’heure des comptes sonnera donc mercredi soir pour avoir une idée plus claire du scénario final. La prudence est de mise car primo, on ne sait pas comment les leaders du sud, emmenés par Paprec Arkea (Richomme-Eliès) sortiront des dévents des Canaries et surtout quelles seront leurs véritables performances au portant VMG dans l’alizé.

 

Ocean Fifty : Leader solide, alizés dociles

Le jeu est évidemment moins palpitant chez les Ocean Fifty chez qui Solidaires en Peloton continue de contrôler parfaitement ses deux adversaires à quelques 1800 milles de l’arrivée. Toujours parfaitement positionnés entre leurs deux poursuivants et le but, Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck ne font pas de faute mais il va leur falloir bien doser leur effort sur les 1700 milles qui restent à effectuer. Car derrière, les deux autres Ocean Fifty sont dans le bon tempo et n’hésiteront pas à attaquer à l’image de Viabilis, de loin le plus rapide des trois trimarans ces dernières heures...

 

Class40 : Amarris, seul contre tous…

La flotte des Class40 a éclaté en deux groupes après les Canaries. Amarris (Nebout-Mahé) mène la danse sur le bord rapprochant en tribord amures et a vu filer au Sud une petite meute emmenée par Alla Grande Pirelli (Beccaria-Andrieu) qui va chercher un alizé plus consistant du côté du Sud marocain. Au jeu des empannages qui devrait voir le leader descendre sur la route et les Sudistes basculer vers l’ouest, le classement devrait s’affiner dans les prochaines 36 heures. A noter que les Class40 sont partis pour 10 jours de portant, pas moins. Sauvegarder le potentiel des bateaux et conserver les spis en un seul morceau sera au moins aussi important que la qualité de la trace écrite par les duos pour obtenir une place au soleil en Martinique.

 

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