Photo du bord SVR Lazartigue
Édition 2023 08 novembre 2023 - 10h13

Du match à tous les étages

Alors que les deux premiers ULTIM s’apprêtent à contourner Ascension à touche touche avant un dernier run décisif de 3000 milles au portant vers Fort de France, IMOCA et Class40 ferraillent dans ou derrière le front qui passe sur le proche Atlantique ce matin.
La situation va se décanter pour ces deux classes au fil de la journée. Statu quo en Ocean Fifty au large du Portugal avec un leader qui contrôle parfaitement sa course

ULTIM : Dernier départ !

Quelle régate en ULTIM cette Route du Café ! On les avait un peu délaissés les jours précédents tout occupés à suivre l’entame des autres classes, et les voici toujours au plus haut niveau de la régate qu’ils se livrent depuis Le Havre. C’est la troisième fois en dix jours que les ULTIM se retrouvent  bord à bord. Les deux leaders n’avaient même jamais été aussi proches depuis Le Havre après quelques 4500 milles de course, et tout ça ne manque pas d’allure. 

Après trois jours de près dans un alizé medium, SVR Lazartigue s’est donc hissé à la hauteur du Maxi Banque Populaire XI, leader depuis Madère, pour reprendre la tête au contournement de l'île d'Ascension. Maxi Edmond de Rothschild est à plus de 130 milles  « à peu près la distance qui nous séparait de Banque Populaire XI en sortie de Pot au  noir finalement » constatait Charles Caudrelier ce matin à la vacation. « C’est SVR Lazartigue qui est allé très vite dans ce petit medium et ils ont toujours été dans le bon timing des bords à tirer. Je ne sais pas si Banque Populaire XI a de soucis techniques, on ne vous dit pas tout, mais SVR semble plus à l’aise en cap et vole très bien dans ce petit medium. Jean-Yves (Bernot, leur routeur NDR) a fait aussi un joli boulot » saluait le skipper de Gitana 17 qui s’est retrouvé piégé hier plusieurs heures sans vent, ce qui coûte cher sur des bateaux qui avancent à 25 noeuds de moyenne au près…

Un long bord de 3000 milles de portant va bientôt débuter pour les ULTIM. Il devrait les amener raser la zone interdite autour de la corne de l’Amérique du Sud et rien n’est joué, au moins pour les trois bateaux de tête, car Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 3 sont maintenant clairement distancés à plus de 400 milles. Et l’addition risque de s’alourdir pour ces deux-là tant qu’ils ne seront pas au portant...

L’alizé n’est pas très régulier avec des zones de molles, il y aura beaucoup de manoeuvres et il faudra pouvoir compter sur un bateau à 100% pour l’emporter. ETA prévu le 12 au soir pour les leaders.

 

IMOCA : Déjà de gros écarts …

Silence, on règle  sur Charal et For People, absents de la vacation ! C’est Sam Davies, qui décrochait la première ce matin, pour décrire « une mer énorme et des bruits horribles » au passage du front ce matin. Brillant troisième et hauteur d’un début de course impeccable, le double mixte d’Initiatives Coeur allongeait la foulée comme les deux leaders sur une route au Sud-Sud ouest dont on ne devine pas encore l’option qu’elle renferme réellement. « Pour l’heure, on fait du Sud très rapide, parfois un peu trop et on essaie de doser ! » disait Sam, suffisamment expérimentée pour savoir que ces phases d’accélération où il ne faut rien lâcher sont aussi les plus dangereuses pour les bateaux. On apprend d’ailleurs à l’heure de boucler ces lignes le bris de la bôme de Groupe Apicil, brillant cinquième jusqu’alors, Damien Seguin et Laurent Bourgues tirant le meilleur de leur plan VPLP-Verdier de 2015 entièrement refondu…

Derrière les trois leaders, Paprec Arkea reste en embuscade à une quinzaine de milles, de même que Maitre Coq V et Groupe Dubreuil, dans le coup depuis Le Havre. A noter également le très beau début de course de Teamwork, toujours placé dans le top ten depuis le début. 

L’observation des traces de tout ce groupe durant la journée va être intéressante. Partant quasiment tous du Nord du DST, les IMOCA vont mettre plus ou moins d‘Ouest dans leur Sud, ce qui sera un premier indice de la stratégie qu’ils envisagent pour les jours prochains. A noter que Bureau Vallée qui avait mal passé la ligne de départ a choisi avec clairvoyance de faire sa réparation de 5 heures avant le passage du front. Il se retrouve bord à bord avec MACSF à l’entrée du chenal du Four, ce qui va le placer le plus Est de la flotte pour la suite des opérations… 

 

Ocean Fifty : Tirés d’affaire ?

C’est donc un match à trois qui se profile pour cette Route du Café en Ocean Fifty. Sur Solidaires en Peloton, Thibaut Vauchel Camus et Quentin Vlamynck ont fait parler leur expérience dans le golfe de Gascoqgne et au passage du front. Ils mènent la course d’une bonne cinquantaine de milles, pas mécontents de pouvoir enfin récupérer dans une mer mieux rangée comme l’expliquait ce matin Quentin  : « Avec Thibaut, ça se passe super bien. On connait le bateau par coeur et ça aide bien. On se relaie, chacun aide l’autre. Toute la nuit, on a essayé d’aller le plus vite possible pour passer sous le front et maintenant, on peut alterner les siestes » 

Le tandem de Solidaires en Peloton a bien géré son recalage Ouest, suffisant pour contrôler Viabilis mais pas excessif pour rester dans une mer maniable. Prochaine étape pour le trio : négocier la dorsale qui les attend au large de Gibraltar. « On laisse les routeurs nous donner des way points et on fonce dessus sur une coque ! » confiait Quentin, ce qui en dit long sur l’exigence du pilotage de ces petits trimarans où il ne fait pas bon trainer à la table à cartes sous pilote trop longtemps… Le vent va adonner progressivement aujourd’hui et le tempo s’accélérer avant la zone de vents faibles qui pourrait tasser la flotte la nuit prochaine.

 

Class40 : Le Sud, ça se mérite…

Traversant le même front que les IMOCA  mais 300 milles plus sud, les Class40 continuent de planter des pieux au contournement de l’Espagne. Devant, les deux tandems italo-français de Alla Grande Pirelli et IBSA impriment toujours un rythme d’enfer que seul un petit groupe de cinq poursuivants est capable de suivre. Amarris en fait partie et Achille Nebout ne cachait pas sa lassitude d’entendre son bateau taper, soulagé d’avoir enfin viré derrière le front à l’heure de la vacation « Ça commence à tirer fort sur les organismes. On n’arrive pas à faire grand chose à bord. Gildas (Mahé) s’est fait deux plats chauds et la seule positon qu’on peut tenir dans le bateau, c’est allongé dans la bannette ! ». La violence à bord des scows a malheureusement été confirmée cette nuit par la blessure au poignet pendant une séance de matossage d’Alexis Loison. La Manche Evidence Nautique a été obligé de dérouter vers La Corogne et c’est le deuxième accident sérieux après le tibia d’Alberto Riva dans la première manche des Class40…

Si les leaders vont voir petit à petit les conditions s’améliorer au fur et à mesure qu’ils gagnent au Sud, le second paquet de Class40 continue sa procession autour des caps des côtes Galiciennes. Une navigation côtière qui les préserve en partie de la grosse mer du large qu’affronte Everial (Le Draoulec-Leglatin), passé au nord du DST, route que semble vouloir suivre l’Envol-Kermarrec Promotion (Facon-Valiergue)…

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