Team Banque Populaire
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Édition 2023 01 novembre 2023 - 10h44

« On ne va pas se plaindre ! »

C’était un peu le mot d’ordre ce matin à la vacation des ULTIM. Les trois équipages joints au téléphone ne doutaient pas leur plaisir d’en avoir fini avec la brise d’ouest et la mer forte. La gamberge a remplacé la tension dans les cockpits des grands trimarans qui peinent à traverser la dorsale, plus coriace dans la vraie vie que sur les routages.

Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI)

« On a un joli lever de soleil, c’est un spectacle assez sympathique visuellement. Après on n’a pas beaucoup de vent, voire pas du tout. On avance toujours un petit peu, c’est pas mal, faut rester concentrés pour essayer de garder cette petite vitesse.

On savait depuis le départ que les premiers qui arriveraient sur cette zone avant Porto Santo seraient bloqués par la dorsale donc il n’y a pas de surprise. Et c’est bien de retrouver les bateaux avec qui on a bataillé en début de course. On voit qu’on a fait les mêmes choix stratégiques depuis le début. C’est quasiment un nouveau départ. Les dés sont jetés dans nos choix stratégiques. Ça va être un peu long pour retrouver une zone de vent pour aller dans le sud et chercher les premiers alizés d’ici 24 heures, voire un peu plus.

On savait que la zone de vent faible avancerait avec nous donc ce n’était pas simple de se dire qu’il fallait faire plus de route en se décalant dans l’est, tout ça  pour un bénéfice très aléatoire. Donc on a préféré aller un peu plus ouest que nos camarades et selon l’évolution de la zone on espérer toucher du vent avant les autres.

Je pense que ça va être long avant de trouver des vitesses adaptées à nos ULTIM. Il va falloir patienter au moins la journée voire une partie de la nuit. On risque d’avoir 24 heures assez lentes avant de réaccélérer. L’anticyclone va se mettre en place et après, on sera au portant jusqu’à l’archipel de Sao Pedro et Sao Paulo

On a fait un tour du bateau avant la nuit et tout semblait pas mal. On va refaire un tour complet pour voir si on n’est pas passé à côté d’un truc, mais ça a l’air positif.

Seb (Josse) s’est réveillé ! Il se fait sa petite Ricoré, je ne savais pas que cela existait encore (rires). Il va prendre la main et je vais aller me reposer… »

 

Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild)

« C’est paisible et tendu à la fois !  C’est parti d’ un coup, il n’y a plus rien, plus de vent, on ne sait pas bien ce qu’il va se passer quand tu passes un truc comme ça.

On a discuté avec François (Gabart) ce matin à la VHF, on se voit. Le vent bouge beaucoup, il a envie d’adonner mais comme il y a cette dorsale, il fait le yo-yo. On n’a pas passé l’axe sinon on ne ferait pas ce cap-là, on a un vent variable.

C’est beau parce qu’il y a une belle lumière autour du bateau, il y a de la houle et pas de vent. On essaye de profiter de la moindre risée mais c’est compliqué car ça bouge beaucoup on ne sait jamais sur quel angle se mettre.

Le routeur à terre voit des choses, mais nous on est un peu perdu. Sur les routages, on devrait arriver à avancer mais là on ne bouge pas. Ce n’est pas clair, on ne sait pas où couper. Les routages nous faisaient passer par l’ouest et après, il y a Sodebo qui a tenté autre chose car de là ou il était, c’était plus intéressant d’aller là-bas dans l’est.

On va s’en sortir mais dans combien de temps ? On ne sait pas. Il y a un bateau qui va s’échapper mais quand ?

La distance avec Francois s’est bien réduite. On est près, on savait bien que le premier à entrer dedans se ferait rattraper mais parfois 200 mètres d’écart peuvent faire la différence, c’est bien ce qu’il a fait. Si on avait été devant on l’aurait fait aussi. On n’a pas dramatisé car on savait qu’il y aurait un nouveau départ dans ce coin. En fait, ça peut bouger d’ici 24h mais on peut aussi rester toute la journée comme ça. Ça peut être très long, c’est dur de voir ce que ça va donner. A un moment ça devrait quand même revenir. Des jours meilleurs sont à venir (rires) !

On ne barre pas, car on deviendrait fou ! On est sous pilote car c’est vraiment pas simple, lui va tout droit et on régule à la télécommande. On a envoyé le grand gennak hier et depuis on ne bouge pas. C’est plus sympa d’être à deux car tu peux te reposer quand tu en as marre »

 

François Gabart (SVR Lazartigue)

« Je suis aux manivelles. A l’instant où je te parle, il n’y a pas un poil de vent. On est en visuel avec Edmond de Rothschild et il fait grand soleil, une jolie nuit, des étoiles mais malheureusement plus de vent. On savait depuis le départ qu’on aurait cette traversée. Elle est bien là, sans surprise. On voit le vent qu’il va y avoir sur le golfe de Gascogne dans ces prochains jours. Il y a une mauvaise répartition du vent dans l’hémisphère Nord ! On ne va pas se plaindre car il y en a qui sont à terre à cause du vent donc on va profiter de ses petites risées pour faire route vers Madère.

Il y a un fond de houle pour aller faire un peu de surf… Ça fait flop flop avec les vagues comme ça, mais la houle est dans le bon sens du nord vers le sud donc c’est supportable.

C’est pas simple mais je pense que ce soir, la nuit prochaine les choses devraient s’améliorer mais à quelle vitesse ? Je ne vais pas être plus précis que ça, mais dans 24h cela devrait s’améliorer.

C’est sûr que Sodebo a un décalage, il n’a pas le même vent que nous. Il y a cette dorsale à traverser. On est tous logés à la même enseigne. Est-ce que ça va s’ouvrir à l’est un peu avant ce n’est pas impossible mais maintenant on est tous sur notre position, on est clairement contents de là où on est, il fallait prendre un décision car une fois qu’on est dans la zone sans vent on ne peut plus rien faire donc il fallait prendre la décision hier.

Tiens je devine Madère à 49 milles, je la distingue à l’horizon, c’est sympa de voir un petit bout de terre.

C’est sûr que depuis hier on peut se balader sur le pont sans trop de difficultés, on a fait un gros check, tout va bien, on a revissé quelques vis de plaques aéro. Les 48 premières heures étaient toniques donc maintenant qu’on est complètement arrêtés, on peut vérifier les appendices et tout va bien, c’est une bonne nouvelle. »

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