Le duo Alexis Loison et Nicolas Jossier (© La Manche #Evidence nautique)
Édition 2023 10 novembre 2023 - 20h30

Une course d’usure

L’usure commence à se faire sentir sur cette Route du café, corsée à tous les étages et au goût amer pour certains. Après l’abandon de Maître CoQ V annoncé par Yannick Bestaven et Julien Pulvé dans cette classe IMOCA ? décidément pas épargnée (5 abandons officiels), voilà que les ULTIM commencent à montrer eux aussi des signes de fatigue. A 14 h00 cet après-midi, l’équipe du Maxi Edmond de Rothschild annonçait que Charles Caudrelier et Erwan Israël étaient handicapés par une avarie de barre suite à un choc avec un OFNI survenu ce matin, qui a brisé la pièce assurant la connexion des trois safrans… Le tandem reste en course mais se prépare à des heures usantes et périlleuses pour maintenir une honnête cadence et sauver leur podium…

Il est presqu’étonnant d’ailleurs - par comparaison avec les précédentes courses -, que le club des cinq grands trimarans ait été à ce point épargné pendant 6000 milles et sans doute ne sait-on pas tout des avaries survenues sur les différents ULTIM. Leur capacité à masquer les petits pépins techniques en maintenant des moyennes ahurissantes et un match très serré fait partie de l’art de la régate océanique poussé à son plus haut niveau. On en apprendra plus dans 48 heures à l’arrivée des leaders en Martinique, à l’issue d’un long bord de portant dans lequel Maxi Banque Populaire XI se montre toujours intraitable...

L’usure, c’est aussi celle d’un début de course qui a probablement marqué les esprits. Si les Ocean Fifty avec Solidaires en Peloton(Vauchel-Camus-Vlamynck) en éclaireur, sont les seuls à profiter dans leur match à trois de très belles conditions et d’un horizon dégagé, l’instinct grégaire qui règne notamment en IMOCA, reflète sans doute la brutalité d’une entame qui a mis une petite claque à de nombreux marins, ce qui ne pousse pas à tendre la deuxième joue vers l’ouest et ses perturbations. 

A défaut de grandes envolées stratégiques (qui pourraient néanmoins venir dans les 24 prochaines heures…), c’est un opiniâtre travail de placement auquel se livrent les concurrents. Moins lisible du grand public, il n’en demeure pas moins passionnant. A ce jeu, les leaders Charal (Beyou-Cammas) et Amarris (Nebout-Mahé) grappillent tout ce qu’ils peuvent sur le thème de « tout ce qui est pris est pris »,  sachant bien l’un comme l’autre qu’en course au large, les petits ruisseaux font souvent les grandes rivières.

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