« Dédé (le pilote automatique) est à la barre (il est bien Dédé, toujours concentré), et Carpentier est carpette à la bannette. J'en profite pour vous parler garde robe.
A bord du Class40 Crédit Mutuel, on ne parle pas vulgairement de "A2" ou de "A6" ou même de "spi max" ou autre définition technique de nos grandes voiles de portant. Ici, nous avons Babar, Bip-Bip et Pumba.
Explications :
Babar c'est le spi majestueux, un tantinet rondelet. Il s'exprime pleinement quand le Class40 Crédit Mutuel à besoin du maximum de puissance pour sivre le vent arrière au plus proche. Entre 8kts et 16kts environ pour tirer des bords de portant, c'est Babar qu'il vous faut!
Mais si le vent monte, que le bateau se met à planer, que les surfs vous font accélérer, prenez plutôt BipBip. Vous aurez moins la sensation de puissance, mais plutôt celle de la légèreté, de la vivacité. Le bateau devient plus vivant. Vous pourrez jouer à la barre, faire des changements de direction rapides pour suivre les bonnes pentes, les bonnes vagues.
Enfin, si le vent "prend encore des tours"... il vous reste Pumba. C'est Boggi (Ambroggio Beccaria) qui lui avait trouvé ce nom. On naviguait ensemble sur le retour des Açores, et n'ayant pas donné de nom à ce spi, il m'avait dit "Ma come fai Ian che non hai trovato un nome per questo spi? Io Credo che dovremmo chiamarlo "Pumba"! En fait, Boggi parle très bien français et il avait dû le dire en Français... Mais j'aime bien l'italien. Et donc Pumba, le petit sanglier, est parfait justement pour les "bords de sanglier". Quand les compteurs s'affolent, que le bateau part en survitesse à plus de 25 kts... ben c'est grâce à Pumba!
Depuis Lisbonne, nous avons dû passer de Babar à Bip-Bip une bonne dizaine de fois. "Antoine.!...." "Quoi, qu'est-ce qu'il y a?" "Ben réveille toi, là je pense que c’est Bip-Bip" "ah ok! Jeme réveille, j'arrive". Et c'est parti pour le changement de spi. On vérifie que l'écoute est prête à filer, que le bout pour descendre la chaussette pour étouffer le spi en l'air n'est pas emmêlée. On prépare la drisse pour qu'elle file sans accroc. J'abat de 15° pour calmer le bateau. Antoine sur la plage avant descend la chaussette plus vite que l'éclair dès que j'ai lâché en grand l'écoute de la voile. Je cours à l'avant pour me mettre à la drisse. Antoine récupère l'amure du spi et la ramène au-dessus du bateau sans qu'elle ne tombe à 'eau car sinon ce serait "embêtant" de voir le spi chaluter et nous mettre en position périlleuse. On affale en grand le spi par le capot de la plage avant. On se met tous les deux à intervertir les trois points d'accroche de la voile affalée à la voile à renvoyer. Je renvoie la drisse en tête de mât pour hisser le spi pendant qu'Antoine s'occupe de l'amure. Je cours dans le cockpit pour gérer le bordé de spi pendant qu'Antoine hisse la chaussette pour que le spi puisse se gonfler. On remet le bateau au bon angle par rapport au vent, on règle les écoutes... "T'as vu il est bien BipBip... c'est mieux là non ?" Et il reste plus qu'à aller à l'intérieur du bateau pour plier Babar dans son sac, prêt à repartir dès que son heure viendra.
Pumba malheureusement n'a pas été de la partie pour le moment. Il attend patiemment son heure, bien "matossé" dans son sac. Mais quelque chose me dit qu'il pourrait être bientôt de la partie. Et quand Pumba est de la partie, c'est une bonne nouvelle pour nous... on croise les doigts !
Et un grand merci à Rémi Aubrun le Papa de BipBip, Babar et Pumba. Maitre voilier depuis.... longtemps, Rémi nous a dessiné ces superbes voiles, fruit de toute son expérience et l'aboutissement de nombreux tests et essais. L'évolution de nos voiles est permanente, essayant de répondre au mieux aux spécificités de chaque bateau, de chaque skipper, et de chaque parcours de course. C'est un art que de trouver les bonnes formes, les bonnes surfaces, et cet art à un maître... c'est Rémi !
Bonne fin de nuit à tous, je retourne voir Babar sur le pont ! »
Ian Lipinski. Crédit Mutuel.