Dorsale
Ultim
Édition 2023 31 octobre 2023 - 14h45

Dorsale, mode d’emploi

Avec Talweg, c’est l’un des mots barbares du jargon météo de la course au large ! Voici donc quelques éléments de compréhension de cette fameuse dorsale, la barrière météo que vont devoir traverser dans les prochaines 24 heures les cinq ULTIM en course vers la Martinique.

Vu de la côte Atlantique dans les 48 heures qui viennent, on aura peine à croire que l’anticyclone des Açores est toujours de ce monde. Heureusement si ! Et c’est bien la position de ce système de hautes pressions qui guide la circulation des perturbations dans son Nord ainsi que la présence des alizés dans son Sud. 

Mais ces hautes pressions autour desquelles les vents circulent dans le sens des aiguilles d’une montre (dans l’hémisphère nord) ne forme pas un ensemble homogène. Elles sont régulièrement prolongées par des extensions aplaties appelées dorsales, où la pression est maximale sur un axe central. 

Concrètement, la dorsale que s’apprêtent à traverser les ULTIM est stationnaire avec un axe Est-Ouest à la latitude de Gibraltar. Dans son Nord, les concurrents vont trouver un vent de plus en plus faible et adonnant, passant du Sud-ouest à l’Ouest, puis au Nord-ouest. Après la traversée de l’axe où le vent est généralement très faible (zone bleu foncée), les bateaux empanneront et trouveront dans sa partie Sud une évolution inverse avec un vent de plus en plus fort et de plus en plus Est (refusant) ce qui sera favorable à la vitesse. 

 

Chaque dorsale est un cas particulier

Voilà pour la théorie. En pratique, certaines dorsales sont plus dures à traverser que d’autres. Pour la nuit et la journée de demain, les ULTIM vont sans doute beaucoup manoeuvrer entre voiles plates, puis voiles de portant. Mais ce n’est pas forcément en un seul empannage que se traverse le centre du phénomène, au risque de se retrouver bloqué parfois plusieurs heures dans des bulles sans vent. Sachant qu’un ULTIM décolle avec 12 noeuds réel et peut tout de suite s’envoler à plus de 30 noeuds, alors qu’un concurrent englué dans 4 à 5 noeuds de vent peine à dépasser les 10… 

Autant dire que la traversée du phénomène est capitale pour la suite et peut générer de gros écarts. Elle requiert de l’acuité, beaucoup d’énergie à mettre dans les manoeuvres et sans doute un peu de réussite pour passer sans s’arrêter. 

L’obligation de laisser Porto Santo à tribord ajoute encore un peu de piment puisque le terrain de jeu se réduit. Certains concurrents pourraient passer très proche de l’archipel portugais mais d’autres en suivant une route plus à l’Est quitte à rallonger la route et multiplier les manoeuvres, car les derniers fichiers promettent une traversée de l’axe un peu plus facile, 

La position de SVR Lazartigue est avantageuse puisque François Gabart et Tom Laperche peuvent caresser l’espoir de toucher en premier le nouveau vent de Nord-est pour maximiser leur avance. Ils devront néanmoins tenir la pression d’une flotte qui reviendra d’abord dans leur tableau arrière. Une flotte de chasseurs dans une position intéressante puisqu’ils pourront surveiller la progression du leader et recaler éventuellement leur trajectoire en fonction de l’évolution de sa vitesse.

 

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