Les Class40 à Lorient
Édition 2023 31 octobre 2023 - 17h49

Rester concentré… à terre

95 % de la flotte est désormais neutralisée tandis que les ULTIM filent vers Porto Santo. Les IMOCA, les Ocean Fifty et les Class 40 sont en sécurité aux ports du Havre et de Lorient, en attendant une fenêtre météo favorable. Mais comment rester en "mode course" alors qu’on est à terre, loin des vagues, du vent et de l’effervescence d’un village départ ? Plusieurs skippers ont partagé ce matin leur état d’esprit.

"Vous nous avez fait un beau départ, c’était incroyable !" À peine connecté, Maxime Sorel profite de l’occasion pour féliciter Erwan Le Roux, parti du Havre dimanche et arrivé la veille à Lorient, à bord de son Ocean Fifty. "C’est rare que les images transpirent autant d’intensité, du vent et de la mer". Pour le skipper de Koesio, le ressenti était quelque peu différent…" Ecoute, j’ai vu les images en rentrant, j’étais bluffé aussi, mais vu de l’intérieur ça ne donnait pas ça du tout" (rires).

Lâcher la pression… ou pas

Pour beaucoup de skippers, l’attente se fait désormais à la maison, espérant une fenêtre météo plus favorable en fin de semaine. Maxime Sorel (V and B - Monbana - Mayenne) est rentré à Concarneau pour quelques jours, histoire de reprendre des forces, mais difficile de se changer les idées. "C’est dur de relâcher la pression, reconnaît le marin, on est concentré sur la course depuis plusieurs mois déjà. Ça me rappelle mon ascension de l’Everest, on était prêt, ça faisait 35 jours qu’on s’était acclimaté et on attendait la fenêtre météo optimum. On est resté plusieurs jours au camp de base."

Thomas Ruyant (For People), lui, est arrivé à Lorient hier soir. Il n’a pas encore eu le temps d’aller saluer ses camarades des Class40 et Ocean Fifty, mais compte bien aller faire un petit tour sur les pontons. En attendant, il préfère se la jouer relax "On sait qu’on n’aura pas un départ avant dimanche donc j’essaie de redescendre un peu en pression, car les journées avant ce week-end étaient assez denses et intenses. Je continue de garder un oeil sur la météo. Je me focaliserai de nouveau sur la course et ce qui nous attend, en fin de semaine."

Même philosophie pour Violette Dorange, elle veut retrouver un peu de calme après l’agitation du village et la frustration de ne pas partir. "Ne pas prendre le départ a été un peu un chamboulement mental. Là, je me suis dit, c’est juste un obstacle de plus, il faut que je me refixe des objectifs, que je prenne soin de moi, de mon mental et de mon moral", raconte la skippeuse de DeVenir. "Typiquement, ce matin j’ai bien dormi, bien mangé, je suis allée courir. Je me recentre sur moi pour me sentir bien et après, il faudra très vite préparer la météo et me remettre dans le bain."

Côté Ocean Fifty, on a déjà goûté aux embruns. Audrey Ogereau, arrivée hier avec son acolyte Erwan Le Roux, est rentrée en famille à Nantes. Un repos salvateur après une première manche bretonne musclée et quelque peu compliquée au niveau de l’estomac…  "On a un intérieur de bateau où on voit pas beaucoup l’horizon, explique la skipper de Koesio, donc on est assez facilement sujet au mal de mer. Du coup, on est un peu moins lucide, on arrive moins à faire les bons choix techniques, de manoeuvres."

Se faire de bons petits plats 

S’il y a bien un point commun qui les anime tous, c’est de pouvoir laisser, encore un peu, le lyophilisé de côté. "Pour reprendre ce que disent Maxime et Thomas, se refaire des petits plats gentiment à la maison, ça fait partie des plaisirs culinaires qui remontent le moral." reconnaît Erwan Le Roux. Le skipper de Koesio, un peu groggy ce matin, après 24 heures intenses dans la Manche, ne compte pas sortir de la course pour autant. Déçu de leur position à l’arrivée à Lorient, rien n’est encore joué. "Je pense que ce premier classement, il va clairement falloir l’oublier, car quand on regarde un peu la météo qui nous attend, même à 5-6 jours, même si c’est très loin, globalement ça va être dur d’arriver (en Martinique), les conditions seront dures au départ."

Sa co-skipper Audrey Ogereau, qui découvre la course au large de compétition, garde elle bien en tête ce qu’il reste à faire. "C’est sûr, on va partir avec cette petite épine dans le pied. On va avoir presque 4 heures à rattraper, forcément, on va l’avoir en tête. Sur la deuxième partie, on va avoir plus de temps pour le faire, mais le niveau est là, et les petits copains nous l’ont prouvé."

Garder le rythme

Trouver le juste milieu entre détente et concentration n’est pas chose aisée. À chacun sa méthode avec une certaine constance : des journées bien programmées et rythmées. "On va rester sur nos routines du village, détaille Audrey Ogereau, préparation physique, rendez-vous avec notre coach mental, préparer les films météo pour le prochain départ, se reposer en s’entraînant à faire nos siestes quotidiennes, comme sur la transat, pour être prêts le jour J." Même méthode pour Maxime Sorel, "j’ai fait un planning détaillé que j’ai envoyé avec J0, J-1, J-2 et les grandes étapes qu’on va devoir faire ou refaire."

En attendant, les skippers ont bien sûr un oeil sur la météo, mais aussi la cartographie, toujours active pour les ULTIM. "C’est intéressant de regarder leurs trajectoires, confie Thomas Ruyant, la bataille qu’ils sont en train de se livrer en mer, je reste un passionné."

 

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