Les Class40 à Lorient
Édition 2023 01 novembre 2023 - 18h13

En attendant la tempête…

La dépression Ciaran, qui fait tant parler sur les pontons depuis dimanche, va toucher les côtes françaises cette nuit. Elle a immobilisé toute la flotte, à l’exception des ULTIM. En attendant de pouvoir reprendre la Route du café, les skippers et leurs équipes ont dû s’organiser et aménager cette semaine "libre", imprévue, mais tout de même appréciable.

Les Sables-d’Olonne, Auray, et même Hyères, ce matin, lors des vacations "à terre", les skippers nous ont offert un petit tour de France. "Hier, j’étais dans l’eau à faire une session de Windsurf", raconte Pierre Quiroga (Viabilis Océan) depuis sa maison située dans le Var, "j’étais en shorty donc ça donne une petite idée du décalage qu’il peut y avoir entre le Nord et le Sud de la France en ce moment." Sur la côte bretonne, autre ambiance météorologique, même si le mode détente est aussi activé chez Damien Seguin (Groupe Apicil), "petite balade en famille, en forêt, avant qu’on se prenne des seaux d’eau et le ventilateur dans la figure."

 

"Des consignes particulières ont été données dans les deux ports."

En effet, le ventilateur va souffler très, très fort sur un bon quart nord-ouest du pays cette nuit. Au Havre, comme à Lorient, les bateaux ont été sécurisés. "Des consignes particulières ont été données dans les deux ports concernés", expliquait Francis Le Goff ce midi. "Une équipe logistique est à Lorient pour accompagner celles de la Sellor (port de plaisance). Au Havre, une grosse partie de la direction de course et de l’équipe mer est sur place. Les pontons ont été retirés pour que les bateaux soient dans l’axe du vent. Le démontage du village a été accéléré pour que rien ne puisse voler et des camions ont été installés pour faire écran." Du côté des teams aussi on s’est organisé, pour laisser une ou deux personnes près des bateaux, faire une petite ronde cette nuit, au cas où… même si le plus gros des troupes est rentré à la maison.

Avant de retourner aux Sables, Sébastien Simon s’est offert une dernière sortie en mer, lundi matin. Son IMOCA Groupe Dubreuil avait, semble-t-il, besoin de se dégourdir les safrans, "le marin aussi ! À part le jour du départ, on n’a pas trop le temps d’aller tester toutes les modifications qu’on a faites. Parfois, c’est juste un petit élastique qu’on met là et on se rend compte, quand on navigue, qu’il nous gêne. Et puis ça fait du bien à la tête aussi." Désormais place à la décompression avant de se remettre dans le bain : "une partie de l’équipe a pu se reposer deux jours chez elle, et tout le monde revient à son poste demain pour travailler l’après-midi", explique Sébastien Simon. "C’est sûr, c’est une belle opération logistique, les logements, l’avitaillement, l’organisation interne et tout ce qui va se passer en Martinique. Ça remet en cause pas mal de choses. On essaie d’organiser tout ça, mais avec un bon esprit."
 

Plutôt lyophilisé ou appertisé ?

Et parmi les points logistiques à revoir, l’avitaillement, c’est-à-dire la nourriture. Hier, certains skippers nous confiaient apprécier le retour à la maison pour pouvoir cuisinier de bons petits plats. Mais est-ce si mauvais à bord ? Ce matin, on a posé la question et l’avitaillement se classe en deux catégories : le lyophilisé et l’appertisé. C’est vrai, dit comme ça, aucun des deux ne donne envie. Petite explication de texte de Pierre Quiroga (Viabilis Océan) :

"Le lyophilisé, c’est quelque chose dans lequel on vient ajouter de l’eau. Ça regonfle, puis ça a un petit goût, mais très peu de texture, c’est ce qu’on lui reproche souvent. L’appertisé, en revanche, c’est quelque chose de stérilisé, ce sont des plats cuisinés mis sous vide, en sauce souvent, auxquels on va ajouter des féculents."

Ça vous donne plus envie ? Pas sûr. Pour compenser Amélie Grassi (La Boulangère Bio) a sa botte secrète, "je ne passe pas beaucoup de temps à cuisiner parce que j’ai du mal à mobiliser de l’énergie à bord pour ça. Du coup, je vais chercher les plaisirs dans des trucs simples et efficaces comme le fromage en début de course et le chocolat pour la suite."

Mais l’expérience qu’il faudra suivre est bien celle de Benjamin Ferré (Monnoyeur - Duo for a job)  "J’ai un chef de TopChef qui essaie de me confectionner une pizza (Benjamin est un grand fan) sous vide que je peux réchauffer dans un wok et je vais tester ça pendant la Transat Jacques Vabre."

L’appel du large ou l’appel du ventre, les marins ne peuvent se passer ni de l’un, ni de l’autre. Mais ils vont devoir attendre encore un peu pour satisfaire au moins l’un des deux.

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