le début de course de Solidaires en Peloton
Édition 2023 07 novembre 2023 - 11h08

Le golfe cogne en approche de la Corogne

La nuit a été agitée sur les eaux du golfe de Gascogne, qui n’ont pas ménagé les équipages de Class40 et d’Ocean Fifty. Leurs premières heures de course sont marquées par deux démâtages. Après celui, hier, du Class40 The Sea Cleaners - Univerre - ENSM en passe de rejoindre Lorient, c’est l’Ocean Fifty Le Rire Médecin-Lamotte (Berry-Joubert) qui a subi la perte de son gréement. L’espar est tombé à 4h30, alors que le trimaran progressait dans 20-25 nœuds de nord-ouest, à 90 milles dans le nord-ouest de La Corogne. Si les deux co-skippers ne sont pas blessés, la structure est endommagée. Face à cette situation, ils ont demandé de l’assistance. Le bateau Merida, armé par le navigateur Adrien Hardy, spécialisé dans ce type d’opérations, est arrivé sur zone à 6h40 pour leur prêter main forte.

Au départ des pontons, tous les skippers s’accordaient, hier, à dire que le début de leur retour en course n'aurait rien d’une formalité sur le golfe de Gascogne, promettant de ne certainement pas leur rendre la partie facile. Toutes et tous prenaient la mesure des risques encourus dans des conditions éprouvantes : un vent soutenu avec de violentes rafales au passage de grains, sur une mer formée et tape-bateaux. 

 

L’Ocean Fifty Primonial (Rogues-Gellée) naviguait à 50 milles du port galicien, quand il a subi une avarie sur le flotteur bâbord. L’équipage va bien et progresse actuellement sous voilure réduite pour préserver sa monture dans l’attente de déterminer quel port rejoindre par ses propres moyens. Quelques heures plus tard, c’est au tour de Koesio (Le Roux-Ogereau)  de subir les coups de boutoir de ces conditions sans concession. Un peu avant 9h, à 60 milles du cap Finisterre, le duo constatait que les carénages de bras de liaison de son trimaran étaient endommagés, qu’un balcon était arraché et qu’une petite voie d’eau s’était créée. Autant d’avaries qui le contraignent, ce matin, à se dérouter pour faire une escale technique.

 

“On a hâte d’en sortir”

Au même moment, joint à la faction Thibaut Vauchel-Camus, skipper de Solidaires en Peloton, qui progressait très proche cette nuit de de Primonial témoigne de la dureté de cette première nuit d’inconfort : «  On s’est mis direct en conditions. On pensait que le vent aller rentrer plus vite donc on n’était pas très rapides jusqu’à ce qu’on chope des grains à 30-35 nœuds. On faisait la bagarre avec Sébastien et Jean-Baptiste (sur Primonial, NDR), jusqu’à ce qu’on reçoive un message cette nuit nous annonçant qu’ils avaient cassé leur flotteur, et  après on apprend pour Luke et Antoine (victimes d’un démâtage à bord du Rire Médecin, NDR). C’est dur, cela fait des camarades de jeu en moins. La course était très belle avec des rafales à 35-40 nœuds, c’était tonique ; et maintenant on a hâte d’en sortir. » 

Ce mardi matin,  la sortie n’est plus très loin pour Solidaires en Peloton, qui continue de faire parler l’expérience de ses deux co-skippers dans  l’exercice d’une course transocéanique à bord d’un bateau déjà bien éprouvé et fiabilisé. À l’heure où les IMOCA rentrent à leur tour dans la danse au large du Havre, le trimaran bleu pointe au plus près des côtes espagnoles, en direction du cap Finisterre, tout proche. Thibaut confirme que le plus dur est désormais derrière : « Là, on progresse sur des angles plus cool, on s’autorise à être moins toilés. C’est plus plus tranquille, mais on est en course, donc l’enjeu est d'aborder la prochaine transition avec plus de facilité ; donc on garde le rythme… »

 

“Un bon bord de poney au reaching”

Du côté des Class40 que nous ne sommes pas parvenus à joindre à la vacation, ce début de course ne fait pas mentir la réputation d’impitoyable juge-arbitre du golfe de Gascogne. En fin de nuit, le Class40 Curium Life Forward (Lepesqueux-Dehareng) faisait, part de soucis électroniques l’obligeant à faire demi-tour vers Lorient.  Dans ces conditions difficiles, la bataille n’en fait pas moins rage aux avant-postes, avec des bateaux qui se tiennent dans un mouchoir, s’offrant tour à tour le privilège de pointer en tête du classement. 

Au passage du talweg (excroissance de la dépression), la flotte s’est néanmoins   scindée en deux groupes.  Au sud, et dans le bon rythme, les premiers semblent bien placés  pour s’échapper du golfe. À bord d’Alternative Sailing -Constructions du Belon, qui progresse dans le premier peloton (17è, à 24 milles), Estelle Greck raconte  dans un message : « la journée d’hier a été rythmée par les grains, le vent était très instable. On a fait un bon bord de poney au reaching avec des rafales à plus de 30 nœuds. Dans la nuit les grains ont continué, accompagnés d'orages. Maintenant nous sommes en tribord amure et  on attend que le vent prenne de la droite ».  Tout l’enjeu consiste désormais à s’échapper pour éviter les vents plus faibles d’une cellule anticyclonique qui risque de piéger les plus lents au nord. Le 25è, premier du deuxième paquet et premier bout pointu, Nestenn-Entrepreneurs pour la Planète (Bonnier-Follin), qui concède déjà 70 milles de retard sur la tête de flotte, pourrait en faire les frais. Et se voir ralentir sur la route vers des jours meilleurs, dans des conditions à la fois plus douces, tout en restant propices à la vitesse…

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