Rien de mieux qu'un tour de drone pour prendre un peu de hauteur sur cet incroyable plateau des IMOCA. Photo JM. Liot
Imoca
Édition 2023 Village départ Le Havre 25 octobre 2023 - 14h01

Le plateau IMOCA décrypté : la quantité, la qualité, bref le haut niveau !

Qui pour succéder à Thomas Ruyant et Morgan Lagravière à Fort-de-France ? Eux-mêmes peut-être puisque le tandem vainqueur de 2021 défendra âprement son titre sur le nouveau For People. Mais ils auront fort à faire et les pronostics n’ont jamais été aussi risqués tant le niveau de compétition est élevé en IMOCA. Nouveaux bateaux, nouveaux tandems très expérimentés, outsiders en pagaille, … Revue d’effectifs à quatre jours du grand départ.

Quatre têtes d’affiche, … et pourquoi pas cinq ?

Le duel s’annonce tellement serré qu’il vaut mieux citer ces quatre-là par ordre alphabétique ! Charal, For People, MACIF Santé Prévoyance et Paprec Arkéa sont indiscutablement les favoris de cette 16ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.

Le premier est le plus ancien, même s’il n’est pas bien vieux. Mis à l’eau en 2022, ce plan Manuard innovant avec ses deux safrans disposés comme un empennage d’avion pour appuyer son vol, arrive manifestement à maturité. Jérémie Beyou a une revanche à prendre sur la Route du café, remportée en 2011 avec Jean Pierre Dick, avant de voir la victoire lui échapper cruellement en 2019 dans le Pot-au-noir. Le skipper de Charal s’est adjoint cette année les services de Franck Cammas, qui n’a pas son pareil pour faire progresser les bateaux et pourrait remporter la Route du café pour la cinquième fois, un record ! Le tandem est en forme comme il l’a montré en remportant le Défi Azimut Lorient Agglomération le mois dernier où il a démontré qu’il maîtrisait totalement son sujet.

Le duo de MACIF Santé Prévoyance est composé presqu’à l’identique avec Charlie Dalin associé à Pascal Bidegorry, le basque apportant au normand un regard lui aussi très affuté. Le bateau n’a été mis à l’eau qu’en 2023 mais il profite de l’énorme expérience accumulée par Charlie Dalin qui a renouvelé sa confiance à Guillaume Verdier pour faire encore mieux que l’ex-Apivia, référence de la cuvée du Vendée Globe 2020. Et le binôme a marqué les esprits en remportant la tonique Rolex Fastnet Race quelques semaines seulement après la mise à l’eau, au nez et à la barbe de Yoann Richomme. Ce dernier embarque le très expérimenté Yann Eliès (3 victoires dans la Route du café dont 2 en IMOCA) sur Paprec Arkéa. C’est l’un des deux plans Koch-Finot-Conq, visiblement très à l’aise en vol et doté de formes un peu moins tendues que les Verdier qui pourraient révéler un comportement plus maniable dans la mer du large. Renforcé préventivement après la Guyader Bermudes 1000 Race, l’IMOCA rouge et bleu au rouf panoramique n’a pas eu les soucis structurels qui ont frappé For People durant le Fastnet. Le long chantier qui s’en est suivi a privé Thomas Ruyant et Morgan Lagravière d’entraînement à bord, mais on peut faire confiance aux tenants du titre pour très vite trouver les manettes de leur bateau et les pousser à fond…

A ces quatre-là, on est quand même tenté d’ajouter For The Planet, l’ancien bateau de Thomas Ruyant justement. Il est mené par l’excellent binôme Sam Goodchild-Antoine Koch, l’architecte aussi à l’aise derrière l’écran qu’à la barre d’un bateau de course. Le binôme a la palme de la régularité cette saison avec trois places de troisième dans les trois épreuves qui précédaient la Route du café. Sur un parcours de 5400 milles où le compromis fiabilité-performances sera essentiel pour l’emporter, ils ont eux aussi une grosse carte à jouer sur leur bateau complètement éprouvé.

 

Plus 10 candidats au moins pour le podium !

 Si les cinq bateaux pré-cités semblent avoir un petit plus, un paquet de tandems pourra exploiter la moindre erreur et s’inviter à la fête. Au premier rang desquels Initiatives-Coeur (Sam Davies et Jackson Bouttell), V and B - Monbana Mayenne (Maxime Sorel et Christopher Pratt), L’Occitane en Provence (Clarisse Cremer et Alan Roberts) qui n’est autre que l’ex-Apivia qui dispose des plus grands foils que le reste de la flotte avec sa clause d’antériorité. Attention aussi à Teamwork.net (ex Charal) qui reste polyvalent malgré ses anciens foils et sur lequel Justine Mettraux et Julien Villion font généralement très peu d’erreurs.

De son côté, Maître CoQ V n’a pour l’instant pas fait beaucoup de bruit mais ce plan Verdier post Vendée Globe, pourrait bien sortir du bois dans cette jungle de brillants IMOCA. Il est skippé par le vainqueur du dernier Vendée Globe Yannick Bestaven, absent des pontons plusieurs mois mais bien remis d’un grave accident de vélo et associé à un autre Rochelais, Julien Pulvé.

Il faut inclure dans ce lot les IMOCA qui ont disputé The Ocean Race, quatre du club des cinq de ce tour du monde en équipage, étant au départ au Havre : Biotherm (Paul Meilhat-Mariana Lobato), Malizia Sea Explorer (Boris Herrmann-Will Harris), mais aussi Guyot Environnement – Water Family réparé et doté d’une nouvelle étrave par son skipper Benjamin Dutreux qui embarque à ses côtés Corentin Horeau, vainqueur cet été de la Solitaire du Figaro. Dernier de cette bande des quatre, Groupe Dubreuil, l’ex-11th Hour Racing, est mené par un autre vainqueur de la Solitaire, Sébastien Simon, qui a une revanche à prendre en IMOCA. Il est accompagné par le champion olympique espagnol Iker Martinez, grand habitué des Volvo Ocean Race, et le bateau n’a rien à prouver puisqu’il est le vainqueur du tour du monde en équipage…

 

Premier test grandeur nature 

 Plusieurs bateaux sont arrivés au Havre dans une nouvelle configuration et auront à coeur de montrer tout l’intérêt de « refeater » d’anciens IMOCA. C’est le cas de Prysmian Group (Giancarlo Pedote et Gaston Morvan), de Groupe Apicil (Damien Seguin et Laurent Bourgues) mais aussi de Medallia (Pip Hare et Nick Bubb), trois plans VPLP-Verdier de même génération (2015), dotés de grands foils et de carènes modifiées. Une démarche réalisée par le passé avec une certaine réussite sur MACSF (Isabelle Joschke-Pierre Brasseur) ou Fortinet-Bestwestern (Romain Attanasio-Loïs Berrehar) qui n'ont sans doute pas dit leur dernier mot.

Impossible de terminer cette revue d’effectif sans citer le dernier des IMOCA mis à l’eau qui est à lui seul un pari sur l’avenir. STAND AS ONE d’Eric Bellion et Martin Le Pape est le premier plan de l’architecte David Raison dans la catégorie, qui tire sa puissance de sa carène de scow et sa légèreté de son dépouillement : pas de foil mais des dérives, c’est osé en 2023 ! Le bateau pourrait bien être à la peine aux allures de puissance malgré ses formes généreuses, mais faire des merveilles dans la mer formée de l’alizé. A suivre…

Bien d’autres bateaux à dérives, plus anciens ceux-là, disputeront une véritable course dans la course entre le Havre et Fort-de-France. Sur ces IMOCA antérieurs à 2012, les binômes talentueux ne manquent pas :  Benjamin Ferré et Pierre Le Roy disposent sans doute du meilleur IMOCA (l’ex MACIF, vainqueur du Vendée Globe 2012) mais Tanguy Le Turquais et Félix de Navacelle sont toujours aux aguets sur leur Lazare.  Sans parler de Violette Dorange (DeVenir), benjamine de la catégorie, qui part pour sa première Route du café, mais a mis tout le monde d’accord pour sa première course en IMOCA aux côtés de son mentor Damien Guillou sur l’ancien bateau de Jean Le Cam.

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