Moins de quatre jours avant le départ, comment te sens-tu ?
Pip : Je suis étrangement calme. J'apprends. Il y a un an, à la même époque lors de la Route du Rhum, j’étais épuisée. Je n’arrivais pas à gérer tout le bruit et l’ambiance sur place. Ici c’est moins intense, l’agencement est différent, on peut entrer et sortir du village, ça aide. Même si je dois être présente, je fais des demi-journées. Nous sommes une petite équipe donc je me dois d’être là. Je reste à Honfleur. Hier j'ai couru 20 km dans l’après-midi. Tout ça aide. Et Honfleur est magnifique.
Et par rapport au dernier Vendée Globe, tu as une équipe beaucoup plus nombreuse et un programme plus exigeant, comment cela se passe-t-il pour vous ?
Ça se passe bien. Ça a été un long chemin pour nous tous. Nous avons dû apprendre beaucoup de choses. J'ai vraiment dû apprendre quelles étaient ma place et mon rôle, qui n'est pas – apparemment – de bidouiller sur mon bateau ! (rires). Pour le faire, j’attends juste que tout le monde soit rentré chez soi car c’est vraiment important pour moi. C’est comme ça que je prends confiance, en démontant les choses et en les réparant. J'ai besoin d'avoir confiance en mon bateau et c'est pour ça que je navigue, encore et encore. En même temps, je ne peux pas empêcher l’équipe de faire son travail. C’est important aussi pour moi et pour l’équipe de permettre aux plus jeunes d’acquérir de l’expérience et des connaissances. L'une des choses dont je suis vraiment fière au sein de notre équipe est que nous n'avons eu aucun turn-over en deux ans.
Quels sont les avantages et les inconvénients d’être une équipe basée en Grande-Bretagne ? Tu avais parlé de déménager en France à un moment donné mais tu es restée dans ton port d’attache de Poole ?
Je suis heureuse et fière de notre duo britannique mais c'est dur. Nous avons tellement de nouveaux skippers britanniques talentueux qui arrivent. Mais les personnes qui se forment au Royaume-Uni doivent aller progresser dans de plus grandes équipes. Et la seule façon d’y arriver c’est de se rendre disponible et être présent au Royaume-Uni. Nous passons à côté de tant de choses en restant sur notre île. Par exemple, il s’est passé beaucoup de choses autour des règles de mâts et la première fois qu’on en a entendu parler c’était par mail. Si nous avions été à Lorient, avec toutes les autres équipes, nous aurions été au courant. Nous passons à côté de tout ce puits d’information et de connaissances, des interactions quotidiennes avec les autres équipes. Et ça me manque vraiment de naviguer avec d'autres IMOCA. Mais nous avons maintenant quelques bateaux au Royaume-Uni comme Clarisse. C’est à moi maintenant de faire l'effort. L'alternative est de naviguer jusqu'en Bretagne et de s'entraîner sur l'eau. Il me faut environ 14 heures pour arriver à Ouessant donc c'est faisable !