Lazare, 34e IMOCA en Martinique
Imoca
Best of arrivées 01 décembre 2023 - 14h27

Tanguy Le Turquais : « je n’ai jamais été aussi heureux de terminer dernier »

Ils ont franchi la ligne aux premières lueurs du jour, ce vendredi à Fort-de-France. Tanguy Le Turquais et Félix de Navacelle ont résisté à tout : une brèche sur le flanc tribord, plusieurs jours d’immobilisation, une météo délicate, un problème de vérin, trois jours de pétole… Leur arrivée à l’issue de 24 jours de mer est un exploit parce qu’il dit tout de la capacité de résistance et de résilience – le terme s’affiche sur le bateau – d’une équipe décidément à part. Interview émue et enjouée de Tanguy quelques minutes après son arrivée

Il y avait du monde sur les pontons et tous se moquaient bien de savoir qu’il s’agissait du dernier IMOCA à avoir bouclé la ligne de cette Transat Jacques Vabre. Les trois membres de l’équipe technique de Lazare, qui se sont employés sans compter pour réparer le bateau à Lorient une poignée de jours plus tôt, des membres de la famille, des proches, des représentants de la course… Tanguy et Félix sont allés au bout d’une aventure tellement jalonnée d'embûches qu’être là est un exploit en soi. Ils se sont congratulés, ont exulté, ont savouré aussi. Dans la joyeuse agitation du moment, Tanguy a pu voir sa fille marcher pour la première fois. Ému mais ragaillardi par l’adrénaline, il a pris le temps de revenir sur leur folle aventure. 

Qu’est-ce que tu as ressenti ce matin en franchissant la ligne ce matin ? 

Beaucoup de fatigue et beaucoup de joie ! C’est incroyable. Je n’ai jamais été aussi heureux de terminer dernier ! J’ai tout de suite pensé à mon équipe. Là c’est moi qu’on interviewe mais si nous sommes là c’est parce qu’ils se sont tous donnés autant que moi. La semaine sur le terre-plein (un choc avait causé une brèche sur le flanc tribord, NDRL), ils se sont mobilisés pour qu’on puisse toujours avoir de l’espoir. J’ai devant moi un bateau avec le mot « résilience » qui efface Lazare et je crois que c’est un très beau message. On est en train de construire quelque chose de singulier avant le Vendée Globe. 

 

« On n’y a plus pas cru que cru » 

Tu as toujours cru que vous pourriez aller au bout ?

Non pas du tout ! Sur le terre-plein, on ne savait pas si ça allait le faire, si on pouvait réparer dans les temps. Quand on est reparti, la fenêtre météo était compliquée. Aux Açores, on a eu un problème de vérin, on a vraiment cru qu’on allait abandonner et puis on a eu une chance incroyable. Et puis on est aussi resté trois jours dans la pétole, on ne se voyait pas franchir la ligne dans les temps. En fait, on n’y a plus pas cru que cru ! C’est une belle leçon, ça montre qu’il faut prendre les journées et les problèmes comme ils viennent… Ça me servira au Vendée Globe ! 

 

Quel est le programme pour toi dans les prochaines heures ? 

J’ai trop envie de manger une daurade cru ! je vais faire une lessive, aller me baigner – « j’en rêve » -, prendre une douche, passer du temps avec Mathilda (sa fille) et ce sera bientôt l’heure de repartir. 

 

Vous avez embarqué de nombreux curieux dans votre aventure, notamment en faisant rire... C’est important d’aborder ce défi de cette manière-là ? 

On était lancés dans un contre-la-montre contre nous-mêmes, pas contre les autres. Et puis pour Lazare, pour nos partenaires, on a essayé de communiquer à notre manière. On a eu du temps dans la dorsale et on s’est amusé à faire ce clip… Il a été pas mal vu sur les réseaux et c’est tant mieux pour Lazare. L’objectif de tout ça, de ce projet, c’est de raconter des histoires. Les gens s’en foutent de savoir que Tanguy Le Turquais fait du bateau. Mais ce qui compte, profondément, c’est de permettre à Lazare de rayonner. 

 

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